Fantassins Corses au service de la Sérénissime - FAVALORO Francesco Paolo, L’Esercito Veneziana del 1700

Fantassins Corses au service de la Sérénissime - FAVALORO Francesco Paolo, L’Esercito Veneziana del 1700

Lorsque l’on parle de la Corse -comme lorsque l’on parle de l’Écosse -, on parle toujours de « clans ».

Les Corses forment depuis le XVIe siècle une véritable « diaspora » (déjà), et ce au plus haut niveau, au sein de toutes les Cours européennes.

Ils y résident, et y occupent de hautes fonctions, lesquelles correspondent à leurs aspirations « politiques » c’est-à-dire en fait : « religieuses ».

Les Corses ultra-catholiques ont fait le choix de s’établir à Rome.

Huit cents Corses composent la garde pontificale.

À Venise (en guerre contre l’Ottoman), à Cadix ou Barcelone (auprès du Roi Catholique).

Les Corses plus « tolérants » choisissent généralement de s’établir à Marseille ou au Louvre (les Ornano) auprès d’un Très Chrétien allié du Turc depuis François 1er, depuis la signature des capitulations avec La Porte (v.1536-1538).

Le Corse ne part pas pour une destination « par hasard ».

Il part toujours en fonction d’une adhésion à une idée, ou à une idéologie : s’il veut combattre le Turc, il prend du service à Venise par exemple, afin d’aller combattre l’Ottoman dans la guerre de Candie (1645-1669), comme ses aïeux le combattaient à Lépante (1571).

S’il veut plus simplement « négocier », « trafiquer » avec les Echelles du Levant, s’il se sent plus « négociant » que soldat, alors il s’installe à Marseille ou Livourne, comme les Lenche, et se lance dans la pêche au corail, le commerce de la soie (les Porrata de Morsiglia), ou celui du moka.

Le Corse ultra-catholique s’engage volontiers dans l’ordre de Malte (les Vinciguerra de Bastia), ou sous la bannière des chevaliers toscans de Saint-Etienne (les Favalelli bastiais).

Le Corse « moins catholique », si je puis dire, se fait au contraire l’allié du Turc et des raïs barbaresques, tel Sampiero Corso (v.1498-1567), et devient volontiers consul de France à Alep, tel Sanson Napollon de Centuri (v.1583-1633).

Pour un Corse comme Sampiero Corso, par exemple, venir servir le Valois (François 1er, Henri II), c’est s’engager dans une politique qui n’est pas une politique anti-musulmane, une politique qui n’est pas une politique anti-turque.

En cette île réputée inféodée au catholicisme, Sampiero s’est emparé en 1553 de Bonifacio, de Bastia et d’Ajaccio, avec l’aide des Turcs !

Le Trésor de la cathédrale de Bonifacio a même été inventorié par Sampiero pour être donné ensuite à ses alliés, corsaires musulmans, c’est-à-dire à Dragut !

En cette Corse réputée « patrimoine de saint Pierre », il ne faut pas oublier que la dernière entrevue, accordée par Soliman le Magnifique à un « diplomate » étranger, ne fut autre que Sampiero !

Les Giafferi de Talasani, colonels au service de Venise sur cinq générations, ou des Ceccaldi de Vescovato, engagés au service des armées d’Espagne, notamment sous Philippe V.

 

Source : Michel Vergé-Franceschi.

 

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