EYLAU, UNE VICTOIRE À LA PYRRHUS.
La bataille d'Eylau a eu lieu le à Preußisch Eylau (de nos jours Bagrationovsk) dans le nord de la Prusse-Orientale (actuel oblast de Kaliningrad), entre l’Empire russe et l’Empire français.
Dès sept heures, l’artillerie russe, répartie en trois grandes batteries, pilonne les positions de Soult et le village.
Rapidement l’artillerie française répond, provoquant un gigantesque duel que les troupes des deux camps qui n'ont pas mangé et ont dormi sans feu, subissent pendant deux heures.
À neuf heures Davout arrive, et attaque immédiatement par le sud, mais son infériorité numérique, malgré les succès initiaux, le met en difficulté.
L’Empereur pousse donc le corps d’Augereau et la division de Saint-Hilaire, pour l’appuyer. Mais, aveuglées par la neige, les colonnes de ceux-ci se présentent de flanc contre la batterie centrale russe et se font décimer ; le général de division Desjardins est tué, le maréchal Augereau et le général Heudelet sont blessés.
Le 14e régiment d'infanterie, encerclé, est anéanti sous les yeux-mêmes de Napoléon (qui ordonne à Augereau de tenter une opération de sauvetage, ce qui donnera lieu à un passage fameux dans les Mémoires du général Marbot avec sa jument Lisette), par la contre-attaque générale lancée avec la garde impériale russe, la cavalerie et la division du général Andrei Somov qui vise à couper les Français en deux au niveau du village en profitant de la brèche créée.
Napoléon, alors dans le cimetière d'Eylau, ne recule pas et fait donner la Garde (une première dans l'histoire du Premier Empire).
La Vieille Garde reçoit l'ordre de ne pas tirer mais de charger à la baïonnette.
Électrisés par la présence de leur Empereur, les grenadiers de Dorsenne et les chasseurs à cheval du général Dahlmann stoppent net la colonne russe de grenadiers qui vise le cimetière dans un titanesque corps à corps à l’arme blanche, et c'est l'une des rares batailles où l'infanterie de la Garde impériale intervient.
Napoléon provoque ensuite Murat : « Nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là ? ».
Murat engage une énorme charge de toute la cavalerie française disponible, soit 12 000 hommes, l'une des plus grandes charges de cavalerie de l'histoire.
Celle-ci sabre, à l’aller et au retour, les deux divisions que Bennigsen avait engagées dans l’exploitation de l’anéantissement des troupes d’Augereau, rétablissant la situation.
Le combat reste indécis toute l’après-midi, malgré l’apparition du Prussien Lestocq et de ses 10 000 hommes attaquant la droite de Davout, qui est contrebalancée par l’arrivée de Ney et de ses 8 000 hommes.
A la nuit tombée, les troupes russes sont à court de munitions et sans réserves, et Benningsen décide, contre l’avis de Knorring, Osterman et Lestocq, de se replier vers Königsberg.
Épilogue
La victoire est française.
Elle est réelle dans la mesure où Napoléon reste maître du terrain, mais c'est une victoire à la Pyrrhus et elle a coûté fort cher : dix mille tués ou blessés chez les Français, douze mille morts et quatorze mille blessés, dont beaucoup mourront faute de soins, chez les Russes.
Le lendemain matin, Ney s'exclama en parcourant le champ de bataille à cheval :
« Quel massacre ! Et tout cela pour rien ! ».
A l’issue de la bataille, Napoléon, épuisé nerveusement, aurait dit :
« Encore une victoire comme celle-ci et nous sommes perdus ».
Il aurait aussi déclaré : « Cette boucherie passerait l’envie à tous les princes de la Terre de faire la guerre ».
Source : Wikipédia.
Photo : Antoine-Jean Gros.
Photo : Le Capitaine Hugo à Eylau (Lucien Lapeyre, 1912).