CORSE ET TOSCANE : DIX SIÈCLES D'HISTOIRE.

Corse et Toscane. Dix siècles d'histoire.

C'est le clergé le premier qui imprimera son style à cette mémoire en commun.

Au Moyen-Âge, l'évêque de Lucques prie pour le salut des âmes et se constitue un petit patrimoine foncier dans l'île voisine, en particulier dans la portion Nord-Ouest.

L'aristocratie souscrit à la démarche.

Au VIII siècle marquis, ducs et prélats possèdent en Corse « des domaines et des droits ».

Les propriétaires sont enclins à accaparer toujours plus de pouvoir.

Un engrenage se met en place.

Il conduit au début du IXeme siècle à « l'entrée en dépendance de l'île par rapport à la région voisine ».

La proximité passe par la sujétion ainsi que par le marquis de Toscane, Boniface II et son fils Adalbert « désignés comme protecteurs de la Corse ».

L'évêque de Pise quant à lui renforce son emprise sur le clergé insulaire.

Les hôpitaux qui accueillent les malades, les pauvres et les pèlerins, unissent aussi.

Les femmes, un peu soignantes, un peu dames patronnesses consacrent le rapprochement. C'est le temps du consensus de la solidarité et de la santé.

Avec son lot de péripéties. Au XIII et XIV ème siècles, le commerce se trouve aussi au cœur du modèle de coopération. L'activité est intense. Elle se caractérise par « de faibles tonnages ».

L'île fournit les céréales, le bétail, la viande séchée, le fromage, le vin et les peaux.

Elle reçoit, en retour, le textile, le métal, la céramique et le verre.

Au passage, les pirates prélèvent leur part de la cargaison.

Tout est argent mais aussi rapines entre Corse et Toscane désormais.

« Pendant toute la période moderne, on enregistra un fort courant migratoire de l'île vers la Toscane ».

Les Corses affichent d'entrée de jeu une nette prédilection pour Pise et ses environs.

Avant de jeter leur dévolu sur Sienne.

Ils sont pour la plupart « marchands, patrons de barques, paysans, bergers. »

Ils sont avides de fortune et espèrent être mieux lotis que sur le sol natal.

Ils comptent beaucoup sur « les dispositions financières arrêtées par la République de Sienne pour favoriser le repeuplement de ses zones côtières ».

Une partie de la diaspora trouve sa Terre Promise à Piombino, à Livourne, au XVII.

Là, les Franceschi, les Cardi, entre autres, amassent du bien grâce à « une intense activité tant commerciale que corsaire ».

Dans tous les cas, on dessine des cartes marines, on fait des affaires et les banques fleurissent. La prospérité, l'audace financière et la navigation deviennent le moteur de l'histoire.

D'autres Corses s'exileront par amour des armes et de l'affrontement.

Leur guerre débute à Florence, à Gênes, à Milan, Rome ou Venise, selon la conjoncture et l'époque.

Ils sont faits chevaliers, participent avec fougue à l'aventure du Risorgimiento ou bien rêvent, avec Pasquale Paoli, d'indépendance pour leur île.

Le cœur est resté en Corse.

Le patriotisme, en revanche, possède une tonalité universelle.

C'est en Toscane aussi que les insulaires acquièrent un vernis culturel, indispensable à une brillante carrière.

« L'université de Pise était l'un des centres de formation préféré des élites corses, dont les jeunes obtenaient en majorité un doctorat en droit. » 

L'avenir sourit aux Ruggieri, Zerbi, Graziani, Farinole, Angeli de Bastia.

Plus tard, Charles Bonaparte et après lui son fils Joseph, décrochera son diplôme à Pise. Antonmarchi, le médecin de Napoléon à Sainte -Hélène, Salvatore Viale feront à leur tour partie des lauréats pisans.

À partir des années 1860, l'université de Pise cesse d'être un motif majeur dans le paysage insulaire.

Les jeunes corses parlent et étudient en français à présent.

En outre, le parchemin obtenu dans la toute jeune république italienne ne vaut plus rien en France. 

Dans le même temps, l'unité politique de l'Italie distend les relations.

La symbolique se perd, comme l'aura révolutionnaire.

La Corse en tant que « première nation de l'aire italique qui avait tenté de se libérer du joug étranger », cesse de fasciner les esprits.

Le XIX eme siècle,puis le XXeme verront passer la Corse à un nouveau statut; celui d'une terre attractive, d'un nouvel eldorado pour les classes les plus laborieuses.

Source : article de 

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