AFFAIRE ÉRIGNAC : FIN DE LA PISTE AGRICOLE ET NON-LIEU.
Affaire Érignac : la fin de la piste agricole

Daté du 30 juin, ce non-lieu et la fin des poursuites bénéficient à 31 personnes, qui étaient restées mises en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et dont la plupart avaient fait plusieurs mois de prison en 1998 et 1999, au tout début de l'enquête.

Deux des mis en examen sont décédés.

"Cela fait 16 ans qu'il n'y a plus vraiment d'investigations et que dure ce dysfonctionnement", avait déploré l'avocat de sept des mis en examen, Emmanuel Mercinier-Pantalacci, lors de l'annonce début mai des réquisitions du parquet antiterroriste, déjà en faveur d'un non-lieu général.

Ses clients ont assigné l'État pour obtenir réparation devant la justice civile. 

 

En mai, le parquet avait requis un non-lieu général au motif de l'absence de charges suffisantes et de la complexité des investigations, de leur durée, et du climat d'apaisement en Corse.

2000 interpellations, 40 mises en examen

Lorsque le préfet Erignac est abattu le 6 février 1998, l'île est traversée par une contestation agricole violente contre une nouvelle politique du gouvernement resserrant la vis sur les aides financières.

Les services antiterroristes s'étaient aussi lancés sur cette piste en raison de liens qu'ils établissaient avec de précédentes actions.

Résultat, 2000 interpellations dans la mouvance agricole nationaliste mais pas seulement, 40 mises en examen, et pour certains prévenus des mois voire des années de prison. 

Le dossier s'appuyait sur la revendication de l'assassinat et était défendu par Roger Marion, patron de l'ex DNAT, la division anti-terroriste.

Sa conviction était devenue celle des juges.

Un dossier, fourre tout, utilisé pour nourrir d'autres procédures.

Mais depuis seize ans aucune investigation n'avait lieu, une procédure dite abusive, certains des mis en examen l'ont attaquée avec leurs avocats. 

C’est le visage peu glorieux de la justice antiterroriste française.

Seize ans d’instruction, 100 000 pages de procédures classées en 95 tomes, 349 interpellations, des perquisitions à la pelle, souvent sous l’œil des médias, des mandats de dépôt par dizaines, 31 personnes encore mises en examen aujourd’hui.

Une débauche de moyens policiers et judiciaires sans comparaison ou presque dans l’histoire de l’antiterrorisme en France au nom de la raison d’État.

Et au bout du chemin suivi par les enquêteurs, une impasse.

Celle de la filière agricole dans l’assassinat, le 6 février 1998, du préfet de Corse Claude Érignac.

« 1337 », comme l’appellent les acteurs du dossier, conformément au numéro attribué à la procédure, a été ouverte le 13 février 1998.

Le 26 mars 2014, Laurence Le Vert, la magistrate qui a piloté ce dossier avec le juge Jean-Louis Bruguière, a signifié la fin de l’enquête au parquet de Paris peu pressé, depuis, de régler un dossier qu’il sait être le symbole d’un grave dysfonctionnement judiciaire.

Comment justifier publiquement, en effet, qu’une procédure, dont les derniers actes d’enquête remontent à 2000 et alors que le commando coupable d’avoir assassiné M. Érignac a été jugé définitivement, ait pu courir jusqu’en 2014 ?

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/corse/article/2014/10/20/affaire-erignac-la-fin-de-la-piste-agricole_4509022_1616678.html#SfaevEI7xDmutiy6.99

http://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/erignac-non-lieu-dans-la-piste-agricole-1042241.html

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