PRISE DE L'ÎLE DE CAPRAIA PAR LES CORSES.
Les Génois ne pouvaient voir se développer une marine adverse en face de leurs côtes.
Il est certain que dans leur décision de se retirer de Corse le poids de la prise par Paoli de l’île de Capraia ne fut pas pour peu.
Déjà, en mars 1762 le bruit avait couru que les Rebelles corses s’apprêtaient à faire une tentative contre cette île stratégique pour le commerce génois, située sur la route entre Gênes et Bastia.
Une enquête avait été menée à ce sujet et l’artillerie de la place renforcée. Le nombre de soldats avait été en outre augmenté de trente unités, pris dans le régiment Savona, stationnant à Bastia.
Le 16 février 1767, un corps expéditionnaire corse s’embarque à Macinaggio, un port du Cap Corse, pour l’île génoise de Capraia, place qui régule les routes commerciales de la mer Tyrrhénienne.
Bien accueilli par la population, le capitaine Achille Murati, le lieutenant Ghjuvan Battista Ristori et 200 miliciens mettent le siège au pied du fort.
Le siège va durer trois mois au cours desquels les Nationaux vont rejeter à la mer le corps expéditionnaire Génois (embarqué sur 16 navires!) qui tente un débarquement le 6 mai.
Malgré une tentative de blocus par des navires génois, Paoli put ravitailler ses soldats dans l’île.
La garnison capitule le 26 mai et peut quitter l’île avec les honneurs de la guerre.
Pour les Nationaux, la prise est importante ; 13 canons et 1300 boulets.
Mais si cette victoire est belle, c’est aussi peut-être une erreur politique.
En tenant Capraia, Achille Murati met en péril le commerce Génois et, cela, la République ne peut l’accepter.
La situation, défavorable depuis la perte de Macinaggio, à la pointe du Cap Corse, où les Génois avaient pu longtemps s’accrocher, devenait vraiment délicate.
D’autant que couraient des rumeurs de débarquement en Ligurie, dans des zones assez mal contrôlées par les Génois.
Mais, cette situation n’est pas totalement nouvelle et l’on rencontre de nombreux actes, dès 1761, montrant l’intervention de la marine corse sur les Rivières.
Le 4 juillet 1767, Choiseul, ministre de Louis XV, reçoit, à son grand étonnement, un courrier de Gènes lui proposant la cession de la Corse à la France à une seule condition: la totale soffocazione, per cosi dire, del popolo di Corsica !
"Que jamais la Corse ne puisse devenir souveraine et indépendante ni posséder aucune place ou un établissement maritime, ni être en état de causer préjudice à la navigation".
Evidemment, une fois les Nationaux éliminés, la République pourra reprendre son île de Capraia.
Surpris, et aussi très méfiants, le Roi-Très-Chrétien et son ministre décident d’éprouver la patience des Génois… et les pousser à supplier.
Le traité de Versailles est donc signé presque un an plus tard, le 15 mai 1768.
Au Palazzu de Corte, siège du gouvernement de la Nation Corse, on est scandalisé.
Paoli écrira plus tard « nous avons été vendus comme un troupeau de chèvres ».
Source : adecec.net et anspessade.wordpress.com