NAPOLÉON III REÇOIT LES AMBASSADEURS SIAMOIS.

La politique extérieure de Napoléon III s'exerce dans bien des directions sans lien évident entre elles : les « détroits » avec la guerre de Crimée, l'Italie avec Magenta et Solférino, l'Algérie, le Levant et Suez, le Mexique et l'Extrême-Orient.

Deux expéditions militaires franco-anglaises (1852 et 1860) imposent à la Chine six nouveaux ports « ouverts » aux nations européennes.

Des expéditions en Annam (1858, 1859 et 1861) permettent à la France d'obtenir la basse Cochinchine et le protectorat sur le Cambodge.


Au Siam (ancien nom de la Thaïlande) règne depuis 1851 Rama IV, qui conduit doucement son pays vers la modernisation.

Entre autres, il ouvre des négociations, parallèlement avec la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France.

Un traité est signé avec la France le 15 août 1856, assurant la paix entre les deux pays, la liberté religieuse pour les missionnaires français et la liberté de commerce.

Toutefois Rama IV apprécie peu le désir des Français de négocier un traité analogue avec le Cambodge dont le roi n’est pas considéré comme un souverain indépendant.

Rama IV, malgré tout, fait savoir qu'il souhaite envoyer des ambassades à Londres, Paris et Rome.

Après divers contretemps l'ambassade siamoise est reçue à Fontainebleau le 27 juin 1861.

Une commande d'Etat, une galerie de portraits


La scène se passe dans la salle de bal du palais de Fontainebleau, aménagée en salle du trône spécialement pour cette réception.

Napoléon III et Eugénie, assis devant la cheminée, regardent s'avancer les Siamois, coiffés de chapeaux pointus garnis d'or ciselé et vêtus de longues robes de soie flottantes.

L'Ambassadeur, son jeune fils et toute leur suite, à la queue leu leu, se traînent quasiment à plat ventre, jouant des coudes et des genoux pour avancer.

L'instant de la cérémonie qui est représenté est celui où Napoléon III prend dans la coupe en or qu'on lui tend une petite boîte contenant une lettre du roi du Siam.

 Gérôme représente de façon scrupuleuse tous les détails d'une cérémonie voulue par le ministère des Affaires étrangères dans le respect de la tradition du cérémonial asiatique.

Il faut donc se garder d’y apporter une interprétation post-coloniale : le Siam est alors un pays indépendant dirigé par un souverain habile, qui louvoie adroitement entre les impérialismes européens rivaux afin de préserver l'indépendance de son pays.

Les ambassadeurs adoptent la posture habituelle de respect vis-à-vis d'un souverain qui les reçoit.

Il n'y a ici aucune volonté de la part de Napoléon III et de ses conseillers d'humilier un peuple qui serait considéré comme inférieur.

Cependant le moment est immortalisé pour son exotisme et parce qu'il rattache Napoléon III, en quête de légitimité, à la tradition monarchique de l'Ancien Régime.

Source : Martine GIBOUREAU.histoire-image.org

Un tableau témoin d'une « extravagante réception » (F. Maison)

Tableau de Jean-Léon GEROME (1824 - 1904) 

 

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