NAPOLÉON À L'ÉCOLE DE BRIENNE.
NAPOLÉON À L'ÉCOLE DE BRIENNE.
Charles Bonaparte ayant fourni les preuves de noblesse exigées par les règlements pour l’admission des élèves à l’École de Brienne, Napoléon y entra le 23 avril 1779. il y resta jusqu'en octobre 1784.
Cette école ne comptait guère que 110 élèves.
Elle était desservie par des Minimes.
Napoléon eut pour professeur de mathématiques un père Patrault, dont il fit son secrétaire lorsqu’il eut le commandement en chef de l’armée d’Italie.
Le père Charles, aumônier de l’établissement, enseigna le catéchisme au jeune Bonaparte et lui fit faire sa première communion.
En 1790, Napoléon, lieutenant d’artillerie, était en garnison à Auxonne.
Toutes les fois qu’il allait à Dôle, il ne manquait jamais de rendre visite au bon père Charles, qui s’était retiré dans cette dernière ville.
Devenu consul, il lui fit une pension de 1.000 francs en lui disant dans une lettre autographe :
« Je n’ai point oublié que c’est à votre vertueux exemple et à vos sages leçons que je dois la haute fortune à laquelle je suis arrivé. Sans la religion, il n’est point de bonheur possible… Je me recommande à vos prières. »
Traversant Dôle pour aller en Italie, il fit appeler le père Charles. Au moment de le quitter, celui-ci s’écria, les larmes aux yeux et d’une voix prophétique :
VALE, PROSPER, ET RÉGNA. (Allez, heureux mortel, et régnez).
Il y avait aussi à Brienne un maître d’écriture qui donna dés leçons de son art à Napoléon.
Quand celui-ci fut parvenu à l’Empire, un homme déjà vieux et assez mal vêtu, se présente au palais de Saint-Cloud et demande la faveur d’être présenté à Sa Majesté.
Introduit dans le cabinet du monarque :
- Qui êtes-vous, et que me voulez-vous ? lui demande sèchement Napoléon.
- Sire, répond en balbutiant le solliciteur, c’est moi qui ai eu l’honneur de donner des leçons d’écriture à Votre Majesté pendant quinze mois.
- Vous avez fait là un bel élève, répond vivement l’Empereur ; je vous en fais mon compliment. Puis se prenant à rire, il lui adressa quelques paroles bienveillantes et lui dit, en le congédiant : J’aurai soin de mon maître d’écriture.
Peu de jours après, le pauvre calligraphe reçut le brevet d’une pension de 1.200 francs.
Dabobal, maître d’escrime à Brienne, et qui avait donné des leçons au jeune Bonaparte, devint sous-officier de gendarmerie, grâce sans doute à la protection de son élève.
Enfin, les portiers de Brienne, Hauté et sa femme, vinrent finir leurs jours à la Malmaison, en qualité de concierges.
On le voit, Napoléon n’était pas ingrat, il se souvenait de tout le monde.
La manière dont il prononçait Napoilloné, lui fit donner par ses camarades le sobriquet de la Paille-au-nez.
Napoléon n’avait de goût que pour les connaissances solides ; aussi se livrait-il avec ardeur à l’étude des mathématiques, la seule de toutes les sciences qui soit vraiment digne de ce nom.
Il eût probablement étudié avec le même empressement la physique, la chimie, l’astronomie, si l’école de Brienne lui en eût fourni l’occasion et les moyens.
Quant aux arts d’agrément, à la littérature et mêmes aux langues étrangères, il en a toujours fait peu de cas : c’était pour lui de vains amusements de l’esprit, et voilà pourquoi il n’a jamais su écrire et parler correctement le français, la langue la plus usuelle de son empire.
Le 15 ou le 16 septembre 1783, le chevalier de Kéralio, maréchal-de-camp et sous-inspecteur général des écoles royales militaires de France, arriva à Brienne.
Après avoir examiné les élèves de cette école, il désigna le jeune Napoléon pour celle de Paris.
Les moines lui firent observer que cet enfant n’était fort que sur les mathématiques ; qu’il serait mieux d’attendre à l’année suivante pour lui laisser le temps de se fortifier dans la langue latine.
Je sais ce que je fais, reprit l’examinateur, si je passe sur la règle, ce n’est point une faveur de famille ; je ne connais point celle de cet enfant ; c’est tout à cause de lui-même.
J’aperçois ici une étincelle qu’on ne saurait trop cultiver.
Et puis M. de Kéralio rédigea la note suivante :
« M. de Bonaparte (Napoléon), né le 15 août 1769 : taille de 4 pieds 10 pouces 10 lignes ; de bonne constitution, d’excellente santé ; caractère soumis.
Il a fait sa quatrième.
Honnête et reconnaissant, sa conduite est très-régulière.
Il s’est toujours distingué par son application aux mathématiques ; il sait passablement l’histoire et la géographie ; il est faible dans les exercices d’agrément.
Ce sera un excellent marin.
Mérite de passer à l’école de Paris. »
Brienne le Château, dans les environs de Chalons et son école militaire d'où sortirent outre Napoléon, les Bourrienne, Pichegru, Davout, Nansouty, D'Haupoul, Gudin, Sorbier, Marescot, La Bretéche, Bruneteau, Vailée...