MURAT ET LES CORSES À LA RECONQUÊTE DU ROYAUME DE NAPLES.
Naïf et du genre bourrin, le beau-frère de Napoléon débarque en Calabre où il se jette dans la gueule du loup autrichien !
Le 18 mars 1815, il libère Bologne des autrichiens aux cris de “ indépendance et Italie ” mais est battu le 3 mai à Talentino dans la Plaine du Pô.
Après Waterloo, Joachim MURAT ne se résigne pas : “ un Roi qui n’a pas pu garder sa couronne n’a d’autres alternatives que la mort d’un soldat ”.
En effet Joachim MURAT ne sera pas comme les frères et sœurs de NAPOLÉON, prêts à un exil plus ou moins doré après avoir perdu leurs trônes.
Il va se lancer désespérément à la reconquête de son Royaume et pour cela, il rejoindra la Corse.
Joachim MURAT débarque en Corse où il sait pouvoir trouver des hommes qui ont servi sous son autorité et qui sont prêt à le suivre encore.
En juin 1815 MURAT rejoint VESCOVATO accompagné de GALVANI di U COTONE ancien Commissaire de guerre à Naples, pour rencontrer chez le maire Colonna-Ceccaldi, son gendre le Général FRANCESCHETTI, et préparer l’expédition.
Il s’embarque avec 300 corses (sans le Général OTTAVI qu’ils ont attendu en vain), mais il sera trahi par le Capitaine du vaisseau qui le fera débarquer dans un endroit hostile à PIZZO au fin fond de la CALABRE.
Joachim MURAT sera capturé avec 30 hommes dont le Général FRANCESCHETTI les Capitaines LANFRANCHI et BICIANI et le Lieutenant PASQUALINI qui seront tous blessés.
Le 13 octobre 1815, incarcéré dans le château de Pizzo, en Calabre, Joachim Murat rédige une lettre à la lueur d'une chandelle destinée à son épouse, la soeur de Napoléon.
"Chère Caroline, ma dernière heure est arrivée, dans quelques instants, j'aurai cessé de vivre ; dans quelques instants, tu n'auras plus d'époux. N'oublie jamais : ma vie ne fut entachée d'aucune injustice. Adieu mon Achille, adieu ma Laetizia, adieu mon Lucien, adieu ma Louise ; montrez-vous au monde, dignes de moi. Je vous laisse sans royaume et sans biens, au milieu de mes nombreux ennemis ; soyez constamment unis,...
Joachim MURAT sera fusillé le 13 octobre 1815 et est enterré dans l’église de PIZZO.
Son fils aîné Achille dira après la mort de son père: “ je ne suis pas français, je ne veux jamais l’être, je suis italien, je serai toujours italien ”
Parmi les hommes qui ont suivi MURAT se trouve Ignace CARABELLI qui fût un de ses officiers et dont le frère Simon était également officier mais dans les rangs des CORSICANS RANGERS (ils serait, d’après certains auteurs, les frères de Colomba).
Il y avait aussi un corse qui deviendra célèbre, Joseph FIESCHI né à MURATO en 1790 et qui avait servi le Roi à NAPLES. Fait prisonnier à PIZZO il sera libéré grâce à l’intervention de Louis XVIII comme les autres membres de l’expédition.
C’est lui qui le 26 juillet 1835 tentera avec la machine infernale de tuer LOUIS-PHILIPPE boulevard du Temple, il fera 19 morts, 23 blessés mais le Roi sortira indemne. FIESCHI sera décapité.
Joseph FIESCHI est présenté par les historiens français et notamment René SEDILLOT comme un voleur de vaches, un petit escroc qui aurait même trahi MURAT, avant de préparer son attentat.
Ce portrait bien noir mériterait peut-être d’être réexaminé, car les corses qui en 1815 ont suivi le Roi MURAT dans son aventure audacieuse mais désespérée, méritent au moins qu’on admire leur courage et leur fidélité.
La présence des corses dans la vie politique et militaire napolitaine se termine à PIZZO; elle aura constitué les prémices de ce changement fondamental qui va conduire les corses au cours du XIX° siècle, dans le cadre de l’intégration à la France, à quitter leur patrie non plus pour exercer leur talent dans un pays étranger, mais pour participer pleinement à l’administration d’une nation qui considéreront comme la leur.
Source : Jean Pierre Poli et Article de Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
Photo : Joachim Murat, par Antoine-Jean Gros.
Le château aragonais à Pizzo Calabro, le lieu d'emprisonnement et d'exécution de Joachim Murat. Alfredo Ledonne.
L'exécution de Murat à Pizzo Calabro. Inconnu — Patria Esercito Re.
Joachim Ier Murat, Roi de Naples (1767-1808-1815-1815) Jean-Marie Borghino