JÉRÔME-NAPOLÉON BONAPARTE ROI DE WESTPHALIE.
Jérôme-Napoléon Bonaparte, roi de Westphalie.
Né à Ajaccio le 15 novembre 1784, de Charles-Marie de Buonaparte et de Marie Laetitia Ramolino.
Mort à Villegrins (Seine-et-Marne) le 24 juin 1860.
Jérôme Bonaparte n’a que neuf ans lorsque sa famille se réfugie en France en 1793, par suite de son bannissement politique de la Corse, et douze ans quand son frère Napoléon, général dans l'armée républicaine, se distingue lors de la campagne d'Italie et signe, sans en avertir au préalable son gouvernement, le traité de Campo-Formio qui donne à la France toute la rive gauche du Rhin jusqu'à la mer du Nord.
Il a quinze ans en 1799, lorsque ce même frère prend le Pouvoir et devient Premier Consul.
Au sortir du collège de Juilly, où il a fait ses études, il entre dans la marine en janvier 1800, et obtient le grade de lieutenant l’année suivante.
Son beau-frère, le général Leclerc, l’emmène à Saint-Domingue, puis le renvoie peu de temps après avec des dépêches importantes pour son frère.
Sa mission remplie, Jérôme, aux commandes du brick l’Épervier, repart sur-le-champ pour la Martinique, et, à la fin de 1802, par suite de la reprise des hostilités entre la France et le Royaume-Uni, reçoit ordre d’établir une croisière devant la rade de Saint-Pierre et l’île de Tobago.
Quelques mois après, obligé par les forces ennemies de cesser sa surveillance, il se retire à New York, il y épouse en 1803, quoique encore mineur et sans le consentement de sa famille, Elizabeth Patterson, fille d’un commerçant de Baltimore.
Ce mariage, comme celui de son autre frère Lucien, déplaît à Napoléon qui, malgré la douleur et la résistance de Jérôme, tendrement attaché à sa femme dont il a un fils, le fait casser (par décret impérial, le 11 mars 1805) pour cause de minorité.
Jérôme rentre en France en 1805, courant plusieurs fois le risque d’être enlevé par les Britanniques pendant la traversée.
L’Empereur le charge immédiatement de se rendre à Alger pour y racheter 250 Génois que le dey d'Alger retient en esclavage. À la suite de cette mission, qu’il remplit avec succès, il est élevé au grade de capitaine de vaisseau.
Commandant un vaisseau de 74, le Vétéran, avec un bon second pour l'aider, le futur amiral Halgan, il participe à la croisière de l'escadre du contre-amiral Willaumez vers le cap de Bonne-Espérance, puis la Martinique.
En août, un fort coup de vent disperse les bâtiments, Jérôme en profite pour quitter l'escadre sans prévenir son supérieur, et rentre en France.
Poursuivi par les Britanniques jusqu'aux Glénan, sauvé par son pilote Jean-Marie Furic, il parvient à se réfugier à Concarneau où le Vétéran restera trois ans.
Dans le mois d’août 1807, son frère lui fait épouser la princesse Catherine de Wurtemberg, fille de Frédéric Ier de Wurtemberg, et six jours après, il est créé roi de Westphalie.
Les diverses puissances reconnaissent ce nouveau monarque, qui reçoit en même temps du tsar Alexandre Ier de Russie la décoration de l’ordre de Saint-André de Russie.
Jérôme a alors vingt-cinq ans et toute la fougue de la jeunesse.
Dépensier et frivole, il multiplie les maîtresses; la reine, qu'on surnomme « la dinde de Westphalie », ferme les yeux car elle adore son mari qu'elle surnomme « Fifi ».
Ses ministres Beugnot et Reinhart, nommés par Napoléon pour mener les affaires, ne peuvent le raisonner, et bientôt « le roi trouvera son trésor épuisé, ses sujets accablés, ses ministres désolés, le crédit anéanti, les ressources dévorées à l'avance ». Napoléon s'exprimera ainsi sur son compte à l'île Sainte-Hélène avec une juste sévérité…
Celui qu'on nomme « König Lustig » établit sa résidence à Cassel, introduit dans son royaume les institutions françaises et abolit de nombreux abus.
Il commence à y joindre l’entente des affaires publiques, lorsque les événements politiques viennent rendre le prince à la vie privée.
État-modèle, le royaume de Westphalie devait servir de référence aux autres territoires allemands, ayant reçu la première constitution et abrité le premier parlement en pays germanique.
Jérôme importe de Paris le style Empire au langage conforme aux nouvelles visées politiques et la ville de Cassel connaît un essor culturel sans pareil.
En tant que membre de la Confédération du Rhin, Jérôme veut son armée.
C'est le général Eblé, le futur héros de la Bérézina, qui mène à bien l'entreprise où l'on trouve le général normand Allix, devenu divisionnaire westphalien.
Le roi de Westphalie fait la campagne de Russie de 1812 à la tête d’une division allemande qui se distingue à Ostrovno et à Moguilev.
À la suite d'une querelle avec le maréchal Louis Nicolas Davout, il se fait surprendre à la bataille de Smolensk, laissant échapper le général russe Bagration, faute qui lui vaut d'être rétrogradé sous les ordres de Davout.
Vexé, il quitte l'armée sans prévenir, ce qui entraîne des retards dans les mouvements, et rentre à Cassel.
Napoléon, furieux, fait dire que le roi est malade…
Les désastres de 1812 et de 1813 forcent Jérôme à quitter son royaume.
La reine son épouse ne le quitte pas dans les jours d’adversité et l’accompagne à Paris mais, au mois de mars 1814, les époux doivent se séparer, Jérôme pour rejoindre l’impératrice-régente Marie-Louise à Blois, et la reine pour rentrer dans les États de son père.
C’est en quittant Paris, à peu de distance de la capitale, à Fossard, sur la route de Fontainebleau, qu’elle est attaquée par une bande armée que commande un ancien chouan, le marquis de Maubreuil, qui avait fait partie de sa maison en qualité d’écuyer à Cassel.
La reine y perd ses diamants, son argent et ses effets les plus précieux, qui lui sont enlevés. Catherine montre, à cette occasion, qu'elle n'est pas si « dinde » : se souvenant qu'elle est la cousine du tsar Alexandre, elle alerte le souverain, alors maître de Paris.
Il fait aussitôt rechercher les escrocs par le baron Vitrolles, qui retrouve une grande partie du butin.
Après l’abdication de l’Empereur, en 1814, Jérôme se réfugie à la cour de Wurtemberg.
Il est à Trieste avec sa femme, quand la nouvelle de l’événement du 20 mars le ramène à Paris. Il obtient de Joachim Murat une frégate sur laquelle il parvint à s’embarquer secrètement.
Il assiste à la cérémonie du Champ-de-Mai, le 1er juin, et le 2 juin, il prend séance parmi les Pairs.
Davout, ministre de la Guerre, qui le déteste toujours, ne lui donne pas de commandement. Jérôme suit son frère en Belgique, autorisé à marcher avec le général Guilleminot, qui commande la 6e division d'infanterie du 1er corps du général Reille.
Il déploie aux Quatre-Bras la plus grande bravoure mais le surlendemain, à Waterloo, lui qui n'a jamais été capable de commander une compagnie, outrepasse les ordres dans le bois d’Hougoumont.
C'est un désastre où sa division est mal utilisée toute la journée et décimée.
Sans préparation d'artillerie, il culbute deux fois l’élite des troupes britanniques, qui, protégées par une ferme fortifiée où elles s’étaient établies, font un feu des plus meurtriers.
Enfin il reste maître du bois après avoir été blessé au bras.
Cette affaire coûte cher.
Alors qu'il était seulement prévu un point de fixation sur ce bois de Hougoumont, Jérôme, ayant mal compris, engage tout le corps du général Reille, qui manque par la suite...
Après la bataille de Waterloo, il gagne Avesnes où il réunit les restes de l'armée puis les regroupe sous Laon; le maréchal Grouchy, qui a bien "retraité" depuis Namur, le rejoint et ils se dirigent sur Soissons…
Après la seconde abdication de son frère, Jérôme quitte secrètement la capitale le 27 juin, et parvient, non sans peine, après avoir erré longtemps en Suisse et en France, à rejoindre sa femme qui s’était réfugiée auprès de son père.
Il obtient de ce dernier le château d’Ellwangen, mais à la condition de ne pas s’en éloigner et de ne conserver aucun Français à son service.
Resté impécunieux et surendetté, il négocia de son futur gendre, le richissime Anatole Demidoff qui épousa en 1840 son unique fille légitime Mathilde, que celui-ci apure une situation financière fort obérée.
En 1852, restauré dans ses titres et privilèges de prince impérial par son neveu Napoléon III, il put acquérir le domaine de Vilgénis à Massy - où il mourra huit ans plus tard, atteint d’une bronchite pulmonaire, il fut inhumé aux Invalides.
SOURCE : Wikipédia et Dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet.
Photo : Jérôme Bonaparte, peint par Jean Gros vers 1808.