SECOND EMPIRE : LA FÊTE IMPÉRIALE.
Dès l'élection qui fait de lui en 1848 le premier président de la République française, Louis-Napoléon Bonaparte témoigne d'un art remarquable des relations publiques qui va faire oublier son passé d'aventurier et d'agitateur révolutionnaire.
1852 : s'étant proclamé Empereur des Français à l'issue d'un coup d'État, il accompagne la France dans une transformation comme elle n'en a jamais connue dans son Histoire.
En deux décennies, sous le Second Empire, le pays saute à pieds joints dans la révolution industrielle et toutes les classes de la société voient leur bien-être s'accroître.
Ces transformations se déroulent dans une atmosphère festive destinée à éblouir l'Europe, légitimer son régime et rallier tant les élites traditionnelles que la bourgeoisie et la classe intellectuelle, royalistes et républicains inclus.
Photos : Sophie Boegly, Musée d'Orsay.
Avant quiconque, Louis-Napoléon Bonaparte a compris l'enjeu de la communication. Il se sert des relations publiques comme d'un instrument politique.
Instruit par ses tribulations antérieures, il est aussi sans préjugés à l'égard des innovations de son temps.
Il a découvert en Angleterre l'intérêt du timbre-poste pour sa propagande et, comme la jeune reine Victoria, fait imprimer son portrait de président puis d'empereur sur les petites vignettes.
Il utilise aussi, plus classiquement, la peinture pour faire passer ses messages.
L'une des premières toiles de son règne montre une réception de l'ambassade du Siam au palais de Fontainebleau.
C'est un clin d'œil à l'ancienne monarchie, la dernière toile officielle représentant Louis XIV se rapporte également, en effet, à une réception du Siam.
Les peintres mettent en avant aussi le souverain thaumaturge, qui guérit et console à l'image de ses illustres prédécesseurs.
On le voit ainsi porter secours à des victimes d'inondations à Lyon. L'impératrice Eugénie se met aussi en scène en dame de charité.
Jean-Baptiste Carpeaux est le grand sculpteur du Second Empire.
On se dispute les copies en réduction de sa statue du Prince impérial avec son chien Néro.
Avec ses culottes bouffantes et sa houppette, on croirait une représentation de « Tintin » en plus jeune !
Le Second Empire est marqué aussi par la révélation de la photo. Nadar s'illustre dans le portrait artistique.
Son contemporain André Disdéri (1819-1889) préfère quant à lui le public bourgeois et populaire.
Il invente et brevète la photo-carte de visite en 1854. Grand succès pendant quinze ans.
En 1852, Napoléon III fait réaliser la première photo officielle ; ce n'est pas un franc succès vu les contraintes de pose qui ne flattent pas le sujet.
Tous les événements du règne et de la famille impériale donnent lieu à des fêtes populaires et bourgeoises.
Courus du tout-Paris, les bals du palais des Tuileries réunissent trois mille à quatre mille invités en hiver. Ils font aussi les délices de l'aristocratie européenne.
De Londres comme de Berlin, on se précipite à Paris pour en savourer les plaisirs, au milieu des chantiers du baron Haussmann.
Napoléon III veut inscrire son règne dans la pierre.
Il poursuit au Louvre le « grand dessein » de la monarchie, inauguré par Henri IV...
L'aspect actuel du palais lui doit beaucoup, avec ses deux ailes sur la Seine et la rue de Rivoli, si ce n'est la disparition du palais des Tuileries, brûlé pendant la Semaine Sanglante et rasé ensuite.
En 1855 s'ouvre entre les Champs-Élysées et la Seine la première Exposition universelle, inspirée de l'exemple anglais.
En 1867, une deuxième Exposition universelle, de bien plus grande ampleur, entre les Champs-Élysées et le Champ de Mars, permet à l'empereur d'accueillir fastueusement toutes les têtes couronnées (...).
Une splendide exposition, au Musée d'Orsay (Paris), jusqu'au 16 janvier 2017, nous replonge dans ce spectaculaire Second Empire
Source : Herodote.fr