LUMIÈRE SOLAIRE SUR CALVI.
LUMIÈRE SOLAIRE SUR CALVI.
Le rayon qui traverse le nuage n’est pas un étranger qui passe au plus vite, fuyant le danger : il a pris corps au passage dans la nuée ardente qui voile et révèle le soleil ;
il en a été un moment l’âme splendide ;
et, quand un reflet de pourpre s’allonge dans la plaine et gravit le coteau, ce n’est pas seulement un dernier regard du soleil qui s’en va, c’est aussi une pénétrante et mélancolique caresse de la nuée occidentale à l’horizon ami dont le souffle naissant du soir veut la séparer. Voici, à mi-hauteur du ciel, un beau nuage dans un ciel pur.
Le soleil va se coucher.
Le nuage est blanc.
À mesure que le soleil baisse, le nuage se revêt d’or ;
puis il passe lentement au rouge, puis à une sorte de marron, puis à une sorte de violet, jusqu’à ce qu’il apparaisse noir et comme déchiqueté, dépouillé à la fois de tout éclat et de la forme admirable et douce dont cet éclat l’enveloppait…
Jean Jaures.
Poèmes publiés en 1921.
Photo : Eliane Alessandrini Hernaire