LA DISSOLUTION DE LA GARDE CORSE DU VATICAN.
LA DISSOLUTION DE LA GARDE CORSE DU VATICAN.
L'action se passe en 1662, Louis XIV veut racheter Dunkerque alors possession de l'Angleterre, à son cousin Charles II Stuart, remonté sur son trône après Cromwell en 1660. Charles II a besoin de liquidités et les trois millions et demi de livres que lui proposent Louis XIV sont les bienvenus.
Le parti dévot (Rome, Espagne, Venise, Malte) estime que cette somme pourrait être plus utile pour lutter contre l'expansion des Turcs en Méditerranée.
Le pape Alexandre VII veut promouvoir une ligue contre les Turcs, à laquelle s'opposent Louis XIV et Colbert.
Des incidents entre dévots qui veulent empêcher le rachat de Dunkerque et partisans du Roi de France éclatent dans Rome. Des incidents surviennent à partir du mois de juin 1662, avec l'arrivée du nouvel ambassadeur du Roi Très Chrétien, le duc de Créquy, opposant Gardes Pontificaux et gardes de l'Ambassade.
Un garde Corse du nom de Giovanni de Calenzana est blessé au cours d'une rixe avec les Gardes de l'ambassadeur qui les ont traités "d'espions du pape".
Le dimanche 20 août, à la sortie de la messe, les gardes de Créquy poursuivent deux Gardes Corses, Domenico de Rogliano et Gio Battista d'Ajaccio. Domenico se réfugie chez l'habitant, mais Gio Battista est mortellement blessé. Dans la soirée, les gardes ajacciens, sous les ordres du capitaine Savelli de Corbara décident de venger leur camarade.
Ils se mettent en place aux abords de la Place Farnèse où se situe l'Ambassade de France. Ils tentent de barrer la route au carrosse de la marquise de Créquy belle-sœur de l'ambassadeur. Elle réussit à échapper à ses assaillants qui la poursuivent à coups de pierres. L'épouse de l'ambassadeur est moins chanceuse. Elle a passé sa journée à visiter les églises, et rentre à l'ambassade aux flambeaux. Il est 23 heures. Les Corses lui barrent la route, le carrosse tente de faire demi-tour. Un page de 20 ans du nom de Bertaud est tué à la portière du carrosse par Andrea Crovero* (quatrième aïeul de Napoléon).
Les gardes de l'ambassade chargent sous les ordres de leur capitaine Antoine Duboys qui est mortellement touché. Ils sont une trentaine de Corses qui attaquent l'ambassade, malgré les ordres du capitaine de'Franchi qui comme Savelli, commande une compagnie. Des coups de feu sont tirés des fenêtres. Des passants sont tués, dont un mendiant aveugle, un garçon libraire, un portefaix et deux boulangers. Les tambours battent le rappel, mais rien n'y fait.
Le 22 août, huit Gardes dont Pietro de Montemaggiore, Carlo d'Ampugnano, Paolo Maria Pozzo di Borgo, fils d'un colonel au service pontifical, et le meneur Andréa Crovero*, s'embarquent pour la Corse.
Cette attaque met Louis XIV dans dans une grande fureur. L'affaire est grave, car les mis en cause appartiennent à la noblesse ou aux familles notables insulaires. A Rome une enquête est ouverte, qui sera terminée le 21 novembre. Fabio d'Ajaccio et Paolo Maria Pozzo di Borgo, sont entendus et déposent le 29 août, Pietro ANSALDI de Santa Reparata, le 26 septembre, ainsi que Mattéo et Simone de Bastelica. Neuf Gardes sont enfermés aux Carceri Nuove et mis à la torture extraordinaire. Mateo d'Ilario de Pietralba est torturé trois fois pour avoir tiré des coups d'arquebuse place Farnèse. Il est pendu le 16 décembre sur la Piazza Campo dei Fiori pour le meurtre du capitaine des gardes de l'ambassade.
Louis XIV ne décolère pas, il en demande plus au Pape. La condamnation des coupables ne lui suffit pas. Il envoie un corps expéditionnaire dans les états du pape en 1664 pour laver l'affront fait au duc de Créquy. Enfin, Louis XIV obtient gain de cause. Par le traité de Pise, signé le 12 février 1664, il obtient que les Corses soient décrétés hors d'état de servir "tant à Rome que dans l'État ecclésiastique" (Article XII), et qu'une pyramide de marbre noir soit élevée vis à vis de l'entrée de la caserne des Corses (Article XIII), "en exécration de l'odieux attentat commis par les soldats Corses contre la personne de Son Excellence le duc de Créquy".
Le roi fait frapper une médaille pour commémorer l’événement. Un légat du pape se rend à Versailles pour présenter des excuses officielles.
Texte : Corse Militaire. Tenture représentant l'audience du Légat du Pape auprès de Louis XIV http-//www.louvre.fr/oeuvre-notices/tenture-de-lhistoire-du-roi-laudience-du-legat