ASPHODÈLE.
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L'asphodèle est la fleur magique de Pâques
Pour parler de cette magnifique et curieuse plante un livre entier ne suffirait pas tant son histoire est merveilleuse.
En Corse, selon les régions, on lui donne un nom différent comme par exemple : luminellutaravellu, arbucciu, arbucciulu, talavucciu, taravucciu, taravucciulu, talbucciu, talavellu, biancafior, fiore di morti... et la liste n'est pas exhaustive.
En effet La tige sèche servait de flambeau dans les maisons, ou pour s'éclairer la nuit le long des chemins. Elle portait le nom de luminellu bien sûr ou de candelu, mais aussi tirlu, zirlu, tirulu, tiritulu, accendipippa, cirotta, etc.
Son nom Asphodèle viendrait du grec asphodelos qui signifie « fer de pique », sans doute à cause de la forme de ses feuilles.
L'asphodèle (du genre masculin) est une plante qui fait surgir ses hampes magnifiques sur les bords de nos routes, mais qui, parfois, recouvre des champs entiers.
De la famille des Lys, c'est un véritable chef-d'oeuvre de la nature.
Il fleurit au printemps et disparaît en été, mais lorsqu'il lance vers le ciel ses hampes de longues feuilles qui se couvrent de petites fleurs blanches on sait que Pâques est là.
Une autre de ses particularités est étonnante et confère à l'asphodèle une beauté spéciale.
On constate, en effet, sur le même épi, des fleurs en fruits, des fleurs fanées puis des fleurs épanouies et tout en haut des boutons de fleurs... les uns au-dessus des autres.
Magique !
L'asphodèle est couvert de mythes et de légendes
Et de fait son histoire est en effet magique.
Pour les Grecs, "la plaine des asphodèles " était peuplée par les âmes des mortels qui avaient mené sur terre une existence dissolue.
Elles étaient condamnées à y demeurer éternellement sans pardon, une sorte de compromis entre l'enfer et le paradis.
Pourtant dans la mythologie, aussi bien grecque que romaine, il était l'emblème de la résurrection et, comme la croyance populaire a la vie dure, certains l'assimilent encore de nos jours à la Résurrection du Christ : c'est la fleur de Pâques.
À l'inverse, Homère dans l'Odyssée, l'associe aux Champs-Élysées, le séjour heureux des héros et des âmes vertueuses, étendus sur des lits d'asphodèle dans une douce harmonie.
Purgatoire d'un côté, paradis de l'autre.
En Corse, on utilisait ses feuilles pour rembourrer les selles des ânes et des mulets ou pour la confection des matelas, la plupart du temps, dans les pagliaghji.
Les mazzeri y puiseraient leur puissance, la légende dit qu'ils se battaient parfois entre eux avec des hampes d'asphodèle.
Il n'y a pas si longtemps on confectionnait des croix censées favoriser les récoltes.
On l'utilisait contre les verrues, ses racines épaisses sont comestibles.
Plutôt âcres quand on les consomme crues, leur saveur est sucrée une fois cuites.
Leur valeur alimentaire est sensiblement la même que celle des pommes de terre, cuites à l'eau ou encore sous la cendre.
En 1854 on disait de lui, qu'il était " appelé à devenir une des plantes que l'industrie exploitera le plus utilement."
Un membre de l'institut, avait rendu compte à l'Académie des Sciences des expériences faites pour apprécier l'alcool tiré de l'asphodèle, qu'il assurait "excellent", préférable à celle de la distillation du vin"...
Et il y a encore beaucoup à dire et peut-être même à découvrir.
Protégeons-le et surtout admirons-le au-delà de ses puissants symboles ésotériques.
Cf : Fiore è fiure, aux éditions Colonna.
Photo : Joëlle Vidal.