BATAILLE NAVALE DE SAGONE.
BATAILLE NAVALE DE SAGONE.
Une attaque d’escadre anglaise
Côté anglais, trois grandes gravures mises en couleur, publiées par George Andrews dans la tradition des combats navals, célèbrent avec fierté les trois phases du succès de la Navy.
Les frères Robert et Daniel Havell, paysagistes de talent, évoquent avec une telle exactitude le golfe de Sagone qu’on peut penser qu’ils ont travaillé d’après un témoignage oculaire. Trois vaisseaux anglais, immobilisés par l’absence de vent, partent à l’attaque avec une rare audace : les deux lourdes frégates se font remorquer par des files de canots à rames, et les marins du brick actionnent de longs avirons par les sabords. Au fond de la baie, deux frégates françaises, la Girafe et la Nourrice, ainsi qu’un navire marchand armé, se sont embossés à toucher la terre. Quelle protection peuvent-ils attendre des bouches à feu installées sur les vieilles défenses de la plage, et des troupes sur les hauteurs qu’une artillerie insuffisante prive des avantages de leur position dominante ? Savent-ils que le capitaine Barrie commande la Pomone ? Près de la terre ferme, les Français redoutent-ils moins d’être faits prisonniers ? Les pontons anglais ont une réputation sinistre…
Barrie a jaugé la capacité de feu des quelques canons conservés par les bateaux (vingt-six pour la Girafe et vingt-huit pour la Nourrice) et des batteries sur la côte. On distingue, côté français, l’entrée en action de l’artillerie installée sur la plate-forme supérieure de la tour et de la batterie construite au pied de celle-ci. A 6 heures et demie, Barrie engage le feu. Moins de deux heures de salves d’artillerie pulvérisent la résistance des Français.
D’après les sources anglaises, dès que les navires français sont en feu, les Anglais se retirent, pour éviter les retombées de l’explosion de la Girafe et de l’incendie des navires et batteries. Nul doute que l’opinion publique anglaise a dû apprécier cette vision d’apocalypse déclenchée par une attaque à la rame !
Côté français, le bulletin de police du 25 mai 1811 indique que l’équipage « attaqué à midi » a lui-même mis le feu « vers le soir » puis s’est « retiré », sous le « feu continuel par des pièces de 24 et des obus, sans qu’on eût aucun moyen sur ce point pour y répondre ». Le soulagement perce toutefois : les Anglais n’ont pas débarqué et ne se sont pas emparés de la cargaison !
Article proposé par : Patrick Battini.