La prolifération des publications qui concernent les problèmes de consommation de masse donnerait à penser que la question est entendue, le bilan fait des avantages et des inconvénients, le programme établi des remèdes à appliquer.

Si l'une dénonce, en effet, « la fureur de mieux vivre », l'autre propose déjà de « maîtriser l'opulence ». 

Quand l'une énumère « les difficultés du bien-être »l'autre condamne le « gaspillage » (1).

La vérité, cependant, est que ces problèmes sont encore fort mal connus, et que l'on en est resté, le plus souvent, au pamphlet moralisant sans viser à la compréhension de cette « civilisation de la consommation » qui se dessine, et qu'il nous faudra de toute nécessité assumer.

Si les invectives se multiplient, s'il apparaît impossible de parler de consommation de masse autrement que de façon paroxystique, c'est que d'importants intérêts sont affectés par cette révolution. 

Sans être absolue, l'opposition est encore assez générale, et paraît fort bien orchestrée. 

Au moment où l'humanité forme enfin l'espoir raisonnable de se libérer de la pénurie, ce sont les dangers, réels ou imaginaires, et non les promesses d'un avenir meilleur qu'évoque l'opinion mystifiée.

Nous nous proposons d'examiner quelques-uns des traits caractéristiques de la consommation de masse. 

Nous montrerons que, pour méprisés qu'ils soient, ses avantages sont fort loin d'être négligeables.

Certes, les inconvénients sont grands, les « servitudes » souvent pesantes, mais la société planétaire est en marche vers l'amélioration de ses conditions d'existence et rien ne paraît pouvoir l'arrêter :

-  ni les clameurs des puritains hantés par la démocratisation des jouissances, ni les difficultés certaines qu'elle rencontre et qui tiennent non pas à la consommation elle- même mais aux défauts, infiniment plus graves, du système de distribution, voire de l'organisation économique et sociale.

« Toute recherche en ce domaine est balbutiante » disent J. Y. Calvez et J. L. Fyot.

Nous ne prétendons point substituer aux incertitudes de la connaissance des affirmations dogmatiques tout au plus entendons-nous esquisser une problématique, éminemment révisable, qui pourrait conduire ultérieurement à définir un programme de recherches cohérent.

Les quatre dimensions de la consommation de masse.

La mode était naguère de parler, avec Ortega Gasset, de « massification ».

 L'avalanche anglo-saxonne des « mass-media » a conduit, sur cette lancée, à traduire en français l'expression dérivée 

« mass consumption » dont on fait « consommation de masse ».

Si ce terme est aujourd'hui courant, en est-il pour cela devenu plus clair ?

 Il nous paraît téméraire de l'affirmer.

Georges Gurvitch fait justice de cette notion confuse de masse. 

Mais, tout en montrant de façon convaincante que la « masse » n'est pas le « groupe »il s'est attaché à la dématérialiser pour n'y voir, curieusement, qu'une « forme de sociabilité ».

Il nous semble, quant à nous, que ce mot qui désigne « un très grand nombre » relève de l'image implicite d'un gel qui « prend » pour former un cristal.

 Des éléments juxtaposés s'agrègent, un nouvel être apparaît, lourd, informe, « stupide », dont les réactions, le plus souvent lentes et molles, peuvent quelquefois n'être pas sans dangers.

Les essayistes pseudo-scientifiques s'efforcent, dans un climat d'inquiétude et de mépris, d'en décrire le comportement ; les politiciens l'adulent et s'en servent 

les naïfs lui manifestent leur respect et le parent de toutes les vertus, les psychosociologues lui appliquent les schémas convenus d'un néo-pavlovisme aussi simpliste que trompeur.

Les économistes sont, dit-on, gens plus sérieux. 

Que nous apprennent-ils sur la consommation de masse ?

Apparemment, ils ne s'en soucient guère, et préfèrent s'interroger sur les méfaits de l'opulence.

La société « affluente » fonde, selon eux, une ère d'abondance où les biens de consommation affluent vers le plus grand nombre. 

La consommation de masse n'est alors « qu'une manifestation de la société industrielle.

 Elle n'est au fond qu'un des résultats de la maîtrise de la nature et du primat de la médiation technique dans les rapports de l'homme » et du milieu.

Ainsi la précellence est affirmée de la production sur le producteur, de l'activité créatrice sur la pure consommation.

Le progrès technique par la division du travail et la mécanisation entraîne l'apparition « en masse » sur le marché, de biens industriels qu'il faudra hélas !... consommer pour éviter que le système ne se bloque, que les stocks ne s'accumulent, que la valeur conséquence de la rareté ne s'effondre.

 Ces spécialistes sont obsédés par l'idée de surabondance qu'avait illustrée fort cruellement avant-guerre Karel Capek dans « La Fabrique d'absolu ».

Pour simple qu'apparaisse cette trajectoire qui, de la matière brute, par le biais de l'automation et de la production en série, conduit à la consommation « induite », il est aujourd'hui manifeste qu'elle n'a jamais correspondu qu'à une étape actuellement dépassée de la vie économique l'étape de la pénurie.

Que les vieux réflexes qui s'y étaient établis puissent se manifester encore et parfois énergiquement cela ne surprendra que ceux qui méconnaissent la « viscosité » des conduites sociales. 

Nous verrons plus loin que la plupart des contempteurs de la consommation de masse sont, par quelque côté, victimes de ces conditionnements anachroniques.

Les plus prudents citent, nous le savons, Jean-Baptiste Say, dont la célèbre « loi des débouchés » pourrait peut-être expliciter cette subordination de la consommation à la production. Les plus modernes invoquent Saint Vance Packard, sans se douter que cet essayiste, pourfendeur désordonné de la productivité mère de l'abondance, est le type même de l'esprit faux.

Il serait bien étonnant, en vérité, que dans le magma confus des

anecdotes, des exemples et des citations (sans précision d'origine), qui constitue ses ouvrages, il n'y eût pas, de temps à autre, des idées justes. L'idée de « gaspillage » est de celles-là, mais Packard semble avoir oublié, s'il l'a jamais su, que la productivité est tout autre chose que le rendement. Ce concept difficile connote également les idées de qualité et d'économie des moyens. On le savait déjà dans les écoles. Pourquoi ce journaliste américain ne s'efforcerait-il pas, lui aussi, de s'en pénétrer ?

Aujourd'hui a l'ère de l'opulence est ouverte. 

Si cette affirmation prête sans doute à discussion, il reste cependant qu'une partie de l'humanité « a dépassé non seulement l'ère des famines mais celle de la satisfaction des besoins élémentaires ».

 Qu'elle soit réalité ou promesse lointaine, l'abondance renverse les perspectives classiques.

Ce n'est plus le producteur qui impose sa loi au marché, c'est le consommateur qui exige qu'on le satisfasse. 

Voici venue l'époque où va se réaliser le vieux rêve de Charles Gide que Bernard Lavergne évoquait souvent :

-  le triomphe du consommateur.

Est-ce à dire que les choses soient simples et qu'au schéma traditionnel il suffise de substituer un autre schéma « en miroir » ? 

Certes non Nous voudrions souligner que, sous la surface unie des phénomènes, un entrecroisement continu de concepts, un bouillonnement dialectique s'opèrent, dont le mouvement incessant fonde la réalité économique et sociale.

L'égalité traditionnelle 

production consommation, cesse d'être opératoire si l'on dépasse le seul point de vue du producteur.

Dans ce réseau mouvant d'interactions qu'infléchit l'idée de consommation de masse, il est commode de distinguer quatre séries bipolaires, dont les termes, encore que voisins, restent fort différents les uns des autres :

1 - la dialectique de l'abondance et de la rareté ;

2 -  la dialectique du luxueux et de l'ordinaire ;

3 - la dialectique du cher et du bon marché ;

4 - la dialectique de l'utile et du superflu.

Il ne suffit pas de considérer qu'il s'agit là de notions relatives :

-  il faut les étudier, précisément, dans leurs relations en montrant qu'elles se transforment aisément en leur contraire, et que les contradictions quand elles se produisent peuvent être surmontées dans l'action même de consommer.

Passer subrepticement, comme on le fait hélas trop souvent, de l'abondance au bon marché, et du bon marché à la camelote 

dire, en sens contraire, que « tout ce qui est rare est cher » et, n'étant accessible qu'aux « happy few », devient nécessairement objet de luxe, c'est oublier l'une des relations les plus importantes 

celle qui s'établit entre l'indispensable et l'accessoire 

c'est méconnaître que la vision statique des phénomènes de consommation n'est rien d'autre qu'une illusion, puisque tout se transforme quand se modifie le champ psychologique :

-  individu, entourage, et leurs conditions d'équilibre.

De ces mutations incessantes, il est facile de rappeler quelques exemples. 

C'est ainsi qu'Alain Birou signale que l'abondance est source de pénurie, que certaines formes d'économies opulentesappauvrissement divers groupes sociaux et provoquent la non-satisfaction de besoins indispensables :

-  « Des biens précieux... font défaut à des masses entières de gens, même aisés : air, espace, lumière, soleil, repos. » 

Et ce qui est vrai des besoins individuels l'est plus encore des besoins collectifs 

«. Insuffisance des équipements communaux, et de divers services publics, absence de lieux de rassemblement, de terrains de sport, de bibliothèques... »

« Ainsi, ce que nous appelons une société de l'abondance est comme une espèce de nébuleuse dont la structure globale désordonnée tend à se plier aux exigences exacerbés de l'offre et de la demande de consommations individuelles. » 

Or, nous venons de voir qu'elles sont souvent paralysées par l'afflux des biens disponibles.

 En fait, la rareté-source de frustration peut à son tour susciter l'abondance, en stimulant l'effort de production ou l'imagination créatrice.

L'innovation, en matière de consommation, est le ressort le plus puissant de l'activité économique.

De même, l'exemple du cinéma, reproche perpétuel à l'aveuglement des fanatiques du combat contre le « gadget »montre aisément les transformations réciproques qui sous-tendent la consommation de masse.

Divertissement populaire, amusement de foire fort peu coûteux et largement accessible, le voici qui devient sous l'influence de la hausse des prix et du progrès technique (A) spectacle de luxe ennuyeux et coûteux. 

« Les Français nous dit la presse vont moins au cinéma 

la fréquentation des salles baissé de 33,10 % de 1957 à 1964 29,21 % en 1963) tandis que les recettes brutes augmentaient de 39,18 %. » 

Ceci expliquerait-il cela ?

Si le luxe se prolétarise, faut-il y voir, comme beaucoup, l'abomination de la désolation 

Bien des réticences se manifestent, qu'on traduirait aisément par les questions suivantes 

est-il tolérable, en notre époque d'encombrements, qu'un ouvrier roule voiture 

Est-il convenable de partager des plages rares avec des prolétaires mal dégrossis qui ne sont sympathiques qu'en politique et encore : vus d'assez loin ?...

Si le luxueux devient l'ordinaire, et l'ordinaire le luxueux, c'est là, nous semble-t-il, une des raisons les plus profondes de l'hostilité qu'une certaine famille d'esprits porte à l'abondance.

Consommation de masse ? 

Est-ce à dire que les masses enfin vont pouvoir accéder aux biens du confort 

Idée subversive qui scandalise les modernes défenseurs de l'abstinence chez les autres, bons apôtres qui prêchent au nom d'un « plus être » la suppression du « plus avoir » alors qu'ils « s'installent » dans cette civilisation cruelle où l'homme n'est rien que ce qu'il a !

Reste enfin le passage réciproque de l'inutile au nécessaire. 

Sur ce point nous n'insisterons pas 

tant d'exemples ont été donnés de ces transformations qui sont comme le mouvement même du progrès social, qu'il serait futile d'y revenir. 

Toutefois, la condamnation du gadget qui est, à terme, condamnation de toute recherche, nous paraît non seulement découler du « réflexe aristocratique » que nous venons de signaler, mais aussi de ce préjugé stupide qui voit dans tout Américain un rustre, avide de plaisirs immédiats et de domination économique. 

Si la société américaine est la préfiguration de la société de consommation, s'opposer à la consommation de masse, c'est s'opposer à 1' « american way of life ».

Ici, la politique se marie au puritanisme et peut expliquer, comme nous le verrons, certaines réactions étonnantes de syndicalistes mystifiés ou de socialistes oublieux de la finalité de leur doctrine.

L'étude de ces interactions permet ainsi de distinguer le quantitatif du qualitatif, l'individuel du collectif.  

Consommation de masse, c'est, bien entendu, consommation massive, soit par l'individu soit par le groupe 

mais c'est aussi consommation des masses, en fonction de besoins socio-culturels qui évoluent toujours plus vite. 

Aux bien alimentaires, privilégiés à l'ère de la pénurie, se substituent de plus en plus les objets manufacturés en grande série, dont beaucoup sont la condition du bien-être, voire du « standing ».

Standardisée collectivement, cette consommation se diversifie sur le plan des individus, et se justifie par la recherche du maximum de satisfaction.

Sans doute, en offrant ces produits, la société nouvelle n'offre- t-elle pas toujours les possibilités de les utiliser. 

Toutefois, le renversement dialectique qui la caractérise donné au loisir une place qui ne peut aller qu'en élargissant. 

 

A ce moment, il apparaît à l'évidence que le vrai problème n'est plus de produire, mais de répartir ;

-  il n'est plus de jouir isolément, mais de généraliser la jouissance.

Parler aujourd'hui de consommation de masse sans préciser qu'on se limite à de petits îlots sur la planète, c'est une exagération qui frôle la mystification.

Consommer et pour cela produire implique maintenant d'organiser, et cette organisation ne se conçoit que dans le cadre d'une planification d'ensemble.

Encore faut-il, puisque tout agencement d'objectifs est affirmation de valeurs, que celles-ci soient nettement proclamées.

 D'où la nécessité où nous nous trouvons maintenant d'examiner à propos de la consommation de masse ses avantages et ses inconvénients.

Le but ultime de toute économie, c'est de satisfaire le consommateur :

-  l'obsession de la production n'a de sens qu'en période de pénurie.

Pour avoir méconnu ces vérités élémentaires, le socialisme soviétique se polarisant non sur les fins (l'abondance) mais sur les moyens (l'industrie lourde) longtemps rencontré d'assez sérieuses difficultés.

Alors que Marx considérait que « l' asservissante subordination des individus à la division du travail » ayant disparu dans la phase supérieure de la société communiste, cette société « pourra écrire sur ses drapeaux de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins », nous avons vu certains de ses disciples sacrifier la consommation à la production et, mieux encore, présenter ce sacrifice comme nécessaire et bénéfique.

Si cependant nous considérons que l'être s'affirme non par la possession mais par l'usage, et que nous dressions une liste rapide des progrès si péniblement accomplis par l'humanité depuis des

millénaires, nous ne pourrons pas ne pas remarquer que ces progrès liés à la multiplication des biens disponibles ont consisté essentiellement dans la transformation des modes de vie. 

Quels que soient, par ailleurs, la naïveté ou le cynisme de certains défenseurs de la consommation de masse, d'un Dichter par exemple, il nous faudra bien reconnaître que leurs arguments sont solides et que nous en serions restés aux cavernes et aux peaux de bêtes si nous avions refusé pour une illusoire conquête de nous- mêmes tout effort pour répondre au flot montant de nos désirs. 

Qu'il faille pour cela aménager le monde extérieur, « utiliser des moyens rares à des fins alternatives », préférer pour un temps au yogi le commissaire, ce sont là des nécessités qu'imposent, avec les circonstances politiques, notre actuelle condition. 

La psychologie économique l'a bien montré, qui s'accorde avec l'expérience historique.

« Faire, et en faisant, se faire », disait Lequier.

Toute activité transformatrice de la nature est aussi transformatrice de l'homme, mais le travail n'est pas une fin, c'est le moyen de l'abondance. 

Bien peu, cependant, en reconnaissent les avantages aussi n'est-il point surprenant que la consommation de masse, qui conditionne cette production, ait trouvé aujourd'hui si peu de défenseurs.

La plupart de ceux qui en traitent manifestent immédiatement, ou après quelques éloges convenus et peu sincères, leurs réticences et leurs réserves. 

On croirait à les lire qu'ils ont honte de rien lui devoir.

Nous avons présenté déjà certaines de leurs raisons, nous en examinerons d'autres ultérieurement. 

Quoi qu'il en soit, et sans pouvoir insister suffisamment, nous indiquerons ici quelques-uns des avantages de la consommation de masse, quelques-unes des splendeurs qu'elle promet aux miséreux de la planète.

Ces aspects positifs nous paraissent devoir s'ordonner autour de deux centres distincts, mais liés 

l'individu et l'économie.

Mieux-être pour l'individu.

L'apport essentiel de la consommation de masse à l'individu consiste en l'amélioration de ses conditions d'existence. 

Ceux-là mêmes qui, comme Vance Packard, moquent « pléthore », « prototype de la cité de demain »sont obligés de reconnaître que l'opulence est la condition du mieux-vivre.

Certes,, pour nombre d'êtres humains, l'abondance n'est encore qu'un mirage, mais pour beaucoup d'autres, c'est déjà plus qu'une espérance.

Sortis des âges barbares de la pénurie, nous voici susceptibles de connaître un extraordinaire bien-être matériel.

Point n'est besoin de se hausser au dithyrambe pour dépeindre cette civilisation nouvelle. 

L'énumération serait fastidieuse des succès obtenus en quelques décennies 

la faim domptée, l'espace conquis, les valeurs de civilisation et de jouissance tendant à supplanter les passions anachroniques et méprisables 

goût du pouvoir, égoïsme, lésine. 

Dans cette quête éternelle de la « douceur de vivre », l'abondance est source de conquête puisque, ses besoins primaires satisfaits, l'homme découvre en lui d'autres motivations plus profondes et, sans doute, aussi nécessaires.

l'avidité succède le souci de la qualité, à la consommation des biens s'ajoute la consommation des services, aux plaisirs matériels se substituent au moins partiellement les satisfactions culturelles.

La consommation de masse entraîne la libération du souci de manquer et de la crainte de l'avenir. 

la parcimonie, elle oppose la générosité, aux plaisirs rares la généralisation du confort, aux cruautés nées de l'inquiétude, la tolérance.

Elle permet d'atteindre à plus de justice par l'égalisation des jouissances.

Si les routes sont nombreuses et bien conçues, peu me chaut que mon voisin ait sa voiture !

 Bien au contraire, ne serais-je point choqué s'il ne pouvait se déplacer comme il l'entend ?

Chacun disposant des biens désirés, quel besoin aurions-nous de stocker pour accaparer, d'agresser pour dépouiller ?

 D'autres préoccupations que celle de dominer autrui nous retiendront.

Ainsi la consommation de masse peut-elle apparaître comme la condition nécessaire du développement intellectuel, comme un fait de civilisation, comme le moteur actuel du progrès.

Stimulant pour l'économie.

L'abandon du point de vue classique en économie est fort loin d'être acquis. 

Galbraith l'a bien montré qui souligne les efforts déployés pour « faire revivre les morts » 

« On s'est dit-il refusé à admettre que les circonstances extérieures avaient subi un bouleversement total. Le résultat, c'est que nous sommes régis en partie par des idées qui relèvent d'un autre monde et, par là même, nous faisons bien des choses qui sont inutiles, d'autres qui sont malavisées et d'autres qui sont franchement insensées ».

De fait, « l'idée du consommateur », qu'on voit poindre au début du siècle, n'atteint encore qu'un nombre limité de spécialistes, pour qui la demande accrue est le stimulant de la production.

Certes, l'inflation guette, mais on en vient à se demander aujourd'hui si cet inconvénient mérite les anathèmes dont l'accablent les économistes libéraux.

Rien pourtant d'aussi fâcheux que les remèdes qu'ils proposent qui, par la déflation ouverte ou subreptice, aggravent les conditions d'existence des populations soumises à ce joug. 

« Périsse l'humanité plutôt qu'un principe », telle semble être la devise de ces attardés de la pénurie qui préfèrent gaspiller les hommes plutôt que gaspiller les choses.

Car le choix, dans la société industrielle où nous vivons n'est pas entre l'économie et le gaspillage ;

-  il est entre différentes formes de gaspillage. 

Questionnons donc ces bons esprits et voyons s'il leur paraît scandaleux de préférer à la consommation massive imposée par le fisc (acier pour les missiles, uranium pour la Bombe, intelligence destructrice pour la recherche militaire) une consommation plus individualisée et qui porte, non sur les engins de mort, mais sur les biens de confort et de loisir !

D'ailleurs, la consommation de masse implique la suppression de l'esclavage industriel :

-  stimulant pour l'économie, elle permet de libérer le travailleur de3 tâches fastidieuses, par l'automation et la mise au point de fabrication de séries.

 L'ergonomie, l'organisation rationnelle du travail, l'humanisation de la production sont les conséquences indirectes de la civilisation de l'abondance.

Celle-ci, qui n'exige plus le maintien de « l'armée de réserve ouvrière » indispensable selon les libéraux conduit, le plein emploi réalisé, à développer des inventions nouvelles destinées à soulager la peine des hommes et à leur fournir les loisirs nécessaires à l'utilisation des biens disponibles.

Personne ne contestera que ces loisirs facilitent la pensée libre, et pourraient être, par là même, source d'un développement intellectuel plus intense.

Ainsi la mutation dialectique du quantitatif au qualitatif crée une société nouvelle dont les avantages, réels ou à venir, passent les inconvénients, si importants qu'ils puissent paraître.

Quels sont donc ces inconvénients ?

Notre époque est celle des paradoxes curieuse époque s'il en fut jamais, où l'on voit s'aligner des syndicalistes sur les positions les plus discutables des tenants du libéralisme. 

tel ministre qui dénonce le « lobby de l'expansion », répond tel militant qui déclare sans barguigner :

 « Le monde ouvrier est extrêmement méfiant, pour ne pas dire vigoureusement hostile, à la société de l'opulence qui commence à s'installer dans la plupart des pays occidentaux. » 

Cette alliance contre nature s'explique sans aucun doute par les difficultés que suppose, ou suscite, la consommation de masse, et par les servitudes qui gouvernent son développement.

Laissons de côté les motivations xénophobes, passons sur le primat que la production paraît devoir constituer pour le producteur, qui s'organise en groupements structurés pour défendre ses intérêts propres, écartons enfin l'argument tiré de l'ignorance de l'Économique, science mal connue des travailleurs et tout entière dominée par l'idée de pénurie. 

Il reste que la raison la plus solide est celle du refus de coopérer.

R. Bonety, proclamant son opposition à l'avènement de l'opulence, insiste sur « le refus de se laisser intégrer dans une société qui est, dans ses aspects actuels, la négation des plus profondes aspirations du monde ouvrier ». 

11 là, tout à la fois, une illusion et une vérité l'illusion qui tient à une conception statique et limitée des aspirations ouvrières, est compréhensible car la recherche sociale, en ce domaine, est balbutiante ou nulle.

La vérité, d'ordre politique, tient dans l'affirmation d'une contestation radicale de la société capitaliste.  

Mais les objections qui sont faites à la propriété privée des moyens de production sont rarement pertinentes lorsqu'on les applique aux phénomènes de consommation proprement dits.

 Du reste, les contempteurs de la consommation de masse préfèrent se placer sur d'autres terrains et, puritains, se dresser contre l'hédonisme, hypocrites, opposer "les baffrements" des uns au dénuement des autres, rétrogrades, condamner le progrès technique au nom de l'économie des moyens.

 Ces différentes objections se regroupent ainsi sous quatre rubriques principales :

Crainte de la mollesse.

La satisfaction des besoins, toujours plus complète et plus facile, provoquerait un affaiblissement de nos facultés créatrices, un amollissement généralisé, qui conduirait au pervertissement moral et à la destruction individuelle et collective.

Cette thèse n'est jamais qu'esquissée et l'on se garde d'y insister trop. 

Pour un théologien qui évoque « l'enlisement d'un troupeau repu et docile », combien taisent prudemment l'éternelle condamnation des « porcs d' un troupeau  Epicure » 

Car le temps n'est plus où seul le muscle prédominait, où la jouissance devait se payer par l'effort, où le désir de vivre mieux apparaissait comme une infraction à la loi divine.

Aussi d'autres aspects sont-ils aujourd'hui signalés. 

C'est par exemple, le néant de la pensée, qui correspondrait à la richesse extérieure.

Pour le professeur Ellul, le consommateur de l'abondance est « voué à la découverte du vide de son existence, de son insignifiance, de l'absence de sens du monde de la civilisation où il vit ».

Mais cette pauvreté intérieure est-elle liée à la consommation ?

 Que celle-ci soit révélatrice d'une « médiocrité essentielle », c'est possible, mais l'a-t-elle créée 

Que gagnerait-on, en vérité, à s'aveugler et à tenter de s'oublier dans une activité fébrile 

La lucidité, si désagréable soit-elle, n'est-elle pas de beaucoup préférable ?

D'autres redoutent la passivité, car l'univers de l'opulence est un univers du spectacle.

Mais quel spectacle existe-t-il qui n'ait eu d'organisateurs, de créateurs, d'interprètes 

quel spectacle qui soit pure jouissance et non participation créatrice du spectateur ?

 Aux chevaliers de l'hypnose répétons qu'aucune satisfaction n'est véritable qui ne soit pleinement assumée. 

La motivation des conduites n'est pas seulement réduction des tensions, mais réalisation des possibilités.

 C'est justement ce que permet la consommation de masse qui favorise l'émergence des possibles.

 Loin d'endormir les bienheureux consommateurs dans un « Nirvana » de plaisirs passifs, elle crée les conditions dune action libérée de la contrainte des besoins élémentaires.

Ceux qui évoquent la généralisation du conformisme et l'emprise des stéréotypes voient, dans l'homme de l'avenir, un individu qui « travaille peu, ne pense pas, jouit beaucoup ». 

Considérer comme incompatibles la consommation et l'activité intellectuelle, c'est se rallier à une conception superficielle et pessimiste de l'homme. 

De telles affirmations n'ont rien qui les fonde, que les inquiétudes de leurs auteurs

Enfinle groupement des énergies ne nous paraît pas devoir constituer une fin en soi. On ne mobilise qu'en fonction d'un but qui ne peut être, à long terme, que de vivre mieux.

Si la consommation de masse pousse à l'embourgeoisement, c'est-à-dire à l'égoïsme, si elle fait passer la satisfaction personnelle avant la promotion collective, si elle dégrade l'esprit de solidarité et affaiblit le sens du devoir, ce n'est point en tant qu'elle est consommation, c'est en tant qu'elle est anarchique.

Vue dans le devenir, l'organisation apparaît, dès à présent, comme l'une des solutions souhaitables.

Menace de l'uniformité.

Dans ce monde où se multiplient les biens de consommation et les services les plus divers, il peut sembler paradoxal de redouter la standardisation des goûts et des conduites. 

Qu'il faille l'appliquer aux produits est indispensable, puisque sans elle la production de masse serait impossible. 

Du reste cette uniformisation des qualités a constitué un progrès spectaculaire, et il serait vain de vouloir revenir au « fignolage » artisanal, si inégal dans ses créations.

 La sécurité de l'utilisateur est assurée par l'identité des objets, mais il ne s'ensuit pas que les comportements doivent se modeler sur les produits.

Certes, on évoquera les ruées dominicales d'automobilistes avides d'air pur, on dénoncera le conformisme des téléspectateurs ou le mimétisme saisonnier de la mode, mais comment voir une conséquence nécessaire de la consommation de masse 

Tarde, qui souligne si fortement l'influence de l'imitation, n'a jamais critiqué cette identité d'utilisation qu'implique souvent la nature même de l'objet.

Du reste, c'est la personnalité du consommateur, bien plus que le mode d'emploi auquel il se soumet qu'il aurait lieu d'incriminer. 

Le désir de paraître, « l'effet de démonstration », la rivalité « avec les Jones » ont existé depuis toujours et sont cause de ce nivellement des conduites.

 On voit mal qu'il faille en rendre la consommation responsable.

De la même façon que les joueurs de golf peuvent différer dans leur « style » qui ne tient nullement aux « clubs » mais à ceux qui s'en servent tout utilisateur peut différer de son voisin si même il use d'un matériel identique.

 Au reste, la conduite n'est jamais figée, les motivations sont mouvantes, la raison tout autant que l'impulsion soudaine gouverne nos attitudes et nos actes.

Voir, dans la consommation de masse, une aliénation, c'est supposer que l'être humain est fait, de toute nécessité, pour les privations et la souffrance c'est se rallier à la dogmatique de l'effort rédempteur, c'est admettre que la répétition est damnation. 

​​​​​​​Là encore une conception pessimiste de l'homme se fait jour qui conduirait à condamnr la jouissance au nom du péché originel.

 

Les hallucinations du répétitif, que certaines erreurs politiques récentes ont fait naître chez les romanciers de science-fiction, n'impliquent pas nécessairement la réalisation de cet univers du « Grand Frère » ni celle du « Meilleur des Mondes »

Le danger n'est pas encore et peut n'être jamais une réalité.

 11 nous semble qu'au contraire la liberté de consommer est créatrice, qu'elle est source d'autonomie individuelle, donc d'originalité et de diversité.

Condamnation du gaspillage.

C'est la critique la plus courante et l'accusation la plus forte. 

Tout au long de cet examen, nous l'avons vue revenir sous des formes diverses, mais toujours insistantes. 

De Vance Packard à Danilo Dolci, bien des auteurs s'en sont préoccupé et, certes, il semble qu'une liaison nécessaire puisse être établie entre consommation de masse et gaspillage.

Le malheur, pour ces moralistes, c'est qu'elle n'est pas celle qu'ils disent 

ce n'est point parce que les Occidentaux, accablés de biens inutiles, les dilapident sans profit, qu'il convient de la condamner 

une répartition plus humaine, plus équitable, de ces surplus aux affamés de la planète est possible et réalisable 

tout est dans l'organisation du système économique mondial.

Ce n'est point non plus sous l'influence néfaste, disent leurs censeurs des agents de publicité, qu'elle se révèle. 

Après tout, nul n'est contraint d'acheter qui ne le veut. S'il est une action d'éclat à porter au crédit des spécialistes, c'est d'avoir réussi à convaincre de leur toute-puissance l'opinion mystifiée.

Contrairement à ce qu'imaginaient naguère certains militaires analphabètes ou journalistes à sensation, l'action sur autrui est plus limitée qu'on ne croit, et moins durable qu'il ne paraît.

Proche du magicien auquel on l'assimile, le « persuadeur clandestin » n'a pas la puissance qu'on lui prête et que le psychologue sérieux

n'a jamais revendiquée.

Pour être efficace, la manipulation suppose une certaine complaisance, ou complicité, du manipulé.

 

Le gaspillage éhonté auquel nous assistons encore, qu'il s'agisse d'armements atomiques, de destructions ou de stockages spéculatifs, pose d' autres problèmes que ceux de consommer. 

Il pose d'abord un problème de survie, car le pillage de la planète par des producteurs inconscients suscite de très sérieuses inquiétudes quant à l'avenir de l'espèce humaine.

 L'épuisement des ressources en énergie fossile, le déboisement accéléré, la stérilisation des terres productives recouvertes d'asphalte ou de béton, l'utilisation sans frein et la pollution des ressources rares en eau potable, voilà ce qui doit être rapporté à la consommation de masse. 

Plus que le gaspillage des produits, c'est le gaspillage des ressources qui est condamnable.

Mais ce ne sont point les restrictions à la consommation qui entraîneront autre chose qu'un soulagement passager, c'est, bien plus probablement, l'organisation rationnelle de la production et la planification des satisfactions nécessaires. Problèmes nouveaux, difficiles mais solubles. L'établissement des échelles de valeur, par quoi se caractérisent les plans, doit permettre de distinguer

l'accessoire de l'indispensable et de veiller à ce que les consommations collectives soient elles aussi satisfaites elles sont, on le sait, le plus souvent nécessaires aux satisfactions individuelles qu'il s'agisse de routes pour nos automobiles, d'hôpitaux pour notre santé, de parcs et d'espaces verts pour qu'on puisse respirer, de logements pour qu'on puisse vivre. Tout au plus pourra-t-on supprimer sans dommage casernes et aires de lancement (t).

Dans cette perspective, dire que la consommation de masse implique une dégradation de la qualité et qu'elle favorise la prolifération de la pacotille, c'est faire à des incidents particuliers une place qu'ils ne méritent guère. Répétons que ce type de

consommation n'est pas lié, contrairement à ce que certains supposent, à la production de la camelote. Bien au contraire, nombre d'objets d'usage courant sont aujourd'hui beaucoup mieux faits, plus solides, plus précis et plus agréables que ce qui en tenait lieu dans le passé.

Vance Packard cite plusieurs cas de fabrications volontairement médiocres pour pousser au renouvellement rapide des produits. Mais il est obligé de constater que cette pratique n'est pas très répandue et qu'elle suscite, lorsqu'elle est découverte, l'indignation générale. De tous temps des commerçants peu scrupuleux ont lié parti ave des producteurs malhonnêtes. Est-ce une raison pour en accuser la consommation de masse, et non l'organisation de l'économie ?

Saturation du consommateur ?

Un pavlovisme abusif qui s'inspire, curieusement, des lois de Gossen prétend expliquer la diminution des plaisirs par la répétition des consommateurs. Stimulations fréquentes qui déclenchent une inhibition, satiété née de l'abondance, voilà ce qu'invoquent les

pédants pour rendre compte de ce fait que l'homme est
contradictoire et changeant, et que rien ne lui plaît autant que ce qu'il n'a pas.

La consommation de masse, en ce qu'elle implique la standardisation des objets, pourrait entraîner la saturation. 

Mais la diversité des types de biens qu'elle propose diversité de nature ou diversité d'apparence empêche cette accoutumance et cette retombée.

 Quiconque se blase change aisément.

Or, on sait que beaucoup n'entendent point changer qui recherchent obstinément ce qui a déjà disparu.

Les sollicitations multiples affoleraient-elles 

Mais qui donc croit sérieusement à la névrose d'angoisse de la ménagère devant
l'abondance ?  

 Le seul problème rée n'est-il point celui des stocks ?

 Leur rotation accélérée est la condition d'une économie saine.

Et l'organisation d'un- système de distribution qui répartirait entre tous, jeunes et vieux, citadins et ruraux, développés et «

sous-dévelopés », tous les bienfaits de l'opulence, n'est pas à notre avis une utopie, mais tout au plus une anticipation. 

De sorte que le moment où se produirait la saturation serait encore fort loin de nous et ce délai supplémentaire pourrait nous permettre, en développant les études et la recherche, de mieux planifier nos actions.

**

Observer, prévoir, planifier tels sont les mots qui résument notre conclusion.

 Ce disant, nous avons conscience de susciter quelque inquiétude. 

La consommation de masse porterait-elle en soi les prémices d'une dictature technocratique 

La liberté serait- elle incompatible avec la jouissance 

En fait, mus comme le disait Francis Jourdain par « ce profond amour de l'ordre qui fait les révolutionnaires », mais souvent inconscients de la hardiesse de leurs efforts, nombre de bons esprits se sont déjà attachés à résoudre ces antinomies. 

Devant le désordre de notre société, que nous refusons d'attribuer à la consommation de masse, nous sommes conduits à mettre notre espérance dans la rationalisation croissante de l'économie planétaire.

On conçoit que les libéraux s'y opposent, qui trouvent intérêt à perpétuer l'anarchie. 

On déplore que certains militants, oublieux de leurs efforts passés en faveur de la planification, se soient laissé égarer par ces adversaires habiles. 

Les arguments qu'on oppose à l'effort d'organisation tiennent tous, peu ou prou, à ce pessimisme traditionnel dans la société pré-scientifique. 

Il y a quelque chose de méprisable dans cette attitude malthusienne qui condamne l'abondance alors que tant d'hommes ont faim.

 

Comme l'écrivent très justement Calvez et Fyot, « toute critique à l'égard de la civilisation de consommation n'est-elle pas scandaleuse aux oreilles d'hommes qui sortent tout juste de la pénurie ou qui voient leurs semblables plongés dans la misère ?

 Déplorer l'uniformisation des consommations, le conditionnement des goûts,

n'est-ce pas faire preuve d'un romantisme tourné vers le passé ?

 N'est-ce pas proclamer l'idéal absurde d'une régression vers le travail « fait à la main », vers le produit  « sur mesure » ? 

Faut-il accuser ce nouveau mode de vie au moment où, en s'étendant, il pourrait apporter un minimum de satisfactions à tant d'hommes qui en sont encore dépourvus? Complexe aristocratique 

Certes « il serait inhumain de disconvenir du bien fondé de l'objection »

Nous ne l'avons point dissimulé en multipliant nos questions. 

Les inconvénients car il en pourront certainement se résorber par une meilleure information du public, une éducation plus poussée du consommateur, une réflexion moins

routinière sur les phénomènes économiques.

La satisfaction des besoins matériels n'est pas opposée à la consommation des biens culturels, l'abondance n'interdit pas la qualité, la productivité n'est pas source de catastrophes et, loin de la réduire, il faudra en assurer la progression. 

Ces idées, sans doute, peuvent choquer ceux qui

s'efforcent d'oublier que le monde est vaste et que la vie n'est point facile. Mais ceux-là n'ont pas lu cette étude et, de toutes façons,

ils n'y auraient pas souscrit.

 

Paul ALBOU

 Fatta fini, s’è no’ cumpremu solu u nicissariu, l’ecunumia si ni và à mala via ? 

En fin de compte, si nous n’achetons que le nécessaire, l’économie s’effondre ?  

 

🛒 (c) Banksy, « Trolley Hunters » (2007)

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