« La Bretagne sera indépendante, c'est le sens de l'Histoire »
« La Bretagne sera indépendante, c'est le sens de l'Histoire »

Dans « Du bonheur d'être breton », Gilles Martin-Chauffier annonce que les régions vont prendre leur revanche sur les nations. Bien aidées par l'Europe.

 

 Dans Du bonheur d'être breton (éd. Équateurs), Gilles Martin-Chauffier, rédacteur en chef de Paris Match, explique que, à l'instar de la Catalogne, la Bretagne (et les autres régions françaises et européennes) sera indépendante à moyen terme.

Cette sécession « est inévitable, inscrite dans les faits. C'est comme le réchauffement climatique ».

 

Le journaliste annonce la fin de l'unité de la France ; les grandes régions, à l'identité culturelle forte et favorisées par Bruxelles, prenant (enfin) leur revanche sur les États nations, tout-puissants depuis au moins un siècle et demi.

Un pamphlet polémique et passionnant. 

 

Les Catalans ont très mal joué leur carte.

Ils ont confondu indépendance fiscale et indépendance nationale.

Le principal argument utilisé par les partisans de l'indépendance était économique : ils estimaient que la Catalogne donnait trop d'argent aux autres.

Cela donnait un côté peu sympathique.

Alors qu'ils auraient dû placer leur combat sur le plan culturel : la Castille, c'est la Castille; la Catalogne, c'est la Catalogne.

La Catalogne a son identité (pays méditerranéen), sa langue, sa culture (Sagrada Familia, Miró, Dalí).

Mais quoi qu'il arrive, la Catalogne a sérieusement ébranlé l'édifice espagnol.

Rien ne sera plus comme avant. En Espagne et en Europe.

Les grandes régions vont vouloir prendre leur indépendance. C'est le sens de l'Histoire.

Aujourd'hui, c'est la Catalogne, l'Écosse, la Flandre;

Demain, ce sera le tour de la Corse, de la Sardaigne.

Et je suis convaincu que l'Union européenne va aider ce mouvement.

Les Bretons, les Basques, les Corses, les Alsaciens ont eu une très longue histoire personnelle.

Or, ils ne le savent pas.

C'est tout le travail de Michelet, qui a écrit, et inventé, une histoire de France complètement fausse.

 

 Faisons un peu d'histoire, la Bretagne ne s'est pas battue quand la France l'a intégrée.

Son assimilation s'est très bien passée.

Il n'empêche, la Bretagne a une identité très forte, notamment géographique (les gens savent où est la Bretagne) et culturelle.

Les Bretons n'ont pas un nationalisme vindicatif, hargneux, mais il est viscéral.

Quand vous allez à l'étranger, le Breton de base sort avec son drapeau.

La Bretagne finira par demander son indépendance même si, finalement, elle est tombée amoureuse de la France.

Car on ment aux Français.

Les Allemands de Bavière savent très bien qu'ils n'ont pas une histoire commune avec l'Allemagne;

Les Italiens de Florence savent qu'ils ne sont pas des Italiens comme les autres, ils ont leur propre histoire.

Les Bretons, les Basques, les Corses, les Alsaciens ont eu une très longue histoire personnelle.

Or, ils ne le savent pas.

C'est tout le travail de Michelet, qui a écrit, et inventé, une histoire de France complètement fausse. Et les gens y ont cru.

 

Justement, il n'y a aucun risque.

Les nations veulent le faire croire, mais l'électricité sera toujours vendue.

Rien ne va arriver.

Quand la Tchécoslovaquie s'est séparée, cela s'est bien passé.

 

 

 

"Du bonheur d'être breton : les régions contre les nations", de Gilles Martin-Chauffier, ed. Équateurs, 77 pages, 12 euros.

En Catalogne, des entreprises ont délocalisé leur siège social , l'économie a ralenti...

 

C'est du pipeau intégral. Ce sont des menaces.

J'écris « jetez-vous et les ailes pousseront », et c'est ce qui s'est toujours passé.

Il n'y aura pas de désorganisation économique si la Bretagne, ou une autre région, devient indépendante.

Quand cela se passera, la nouvelle capitale sera Bruxelles.

C'est aussi simple que cela.

Au lieu d'une Europe à 27, ce sera une Europe à 60.

Bruxelles sera l'interlocuteur unique.

D'ailleurs, c'est déjà un peu le cas puisque l'Europe décide de presque tout.

On le voit sur le Glyphosate, les migrants, etc.

Bruxelles décidera comment ces nouvelles régions s'organiseront.

Prenez la France en 1 200, Paris ne fait pas la loi.

Peu à peu, les villes comme Rouen ou Toulouse ont perdu leur apanage, le pouvoir est passé à Paris et la France est devenue centralisatrice.

Dans 30 ou 40 ans, ce sera la même chose avec Bruxelles.

La France ce n'est pas un État jacobin, c'est un état d'esprit

.

N'y a-t-il pas un risque que la France, ou ce qu'il en restera avec des régions éclatées, perde son influence dans le monde ?

Ça n'a pas d'importance.

La France ne sera plus la France.

L'influence de la France dans le monde diminue depuis 150 ans.

La seule façon pour notre pays de rester une force dominante, c'est d'être un élément moteur de l'Europe.

Pourtant, grâce à la monarchie, l'Empire et la IIIe République, le centralisme a forgé l'identité de la France...

Ce n'est pas ça, l'identité de la France.

Son identité, c'est son climat, son architecture, son art de vivre.

La France, ce n'est pas un État jacobin, c'est un état d'esprit.

La France, pour le reste du monde, c'est une certaine idée du charme, des villes très belles, le parfum, la mode, la littérature.

Quand les régions seront indépendantes, nous garderons tout le charme de la France et perdrons toute la lourdeur de l'État français.

Bruxelles a pour l'instant le pouvoir symbolique, mais ce sont les barons (ici les nations) qui exercent le pouvoir.

 

« Pour mieux régner, Bruxelles divisera », car « les vieilles régions seront plus manipulables que les grandes nations actuelles » ?

La Commission de Bruxelles se bat désespérément pour augmenter son pouvoir : plus les nations sont faibles, plus elle a une chance d'avoir une meilleure emprise sur les pays.

C'est comme les rois de France en l'an 1 000 : elle a pour l'instant le pouvoir symbolique, mais ce sont les barons (ici les nations) qui exercent le pouvoir.

Si Bruxelles veut une armée européenne, il faut que celle de la France soit dissoute.

Et c'est comme ça dans tous les domaines.

En 1953, Georges Bidault disait : « Il faut faire l'Europe sans défaire la France. » 

Bien sûr. Georges Bidault disait ce que l'époque voulait dire.

On n'allait pas annoncer la couleur.

Bien sûr que les nations vont disparaître.

L'Europe, c'est le ciel. La France, l'Allemagne et les autres, ce sont les nuages.

Elle restera, quoi qu'il arrive ; eux seront emportés par le vent de l'Histoire.

« Du bonheur d'être breton : les régions contre les nations », de Gilles Martin-Chauffier, ed. Équateurs, 77 pages, 12 euros.

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