CALACUCCIA : PONT DE FONTANELLA, JOYAUX DU NIOLU.

CALACUCCIA : PONT DE FONTANELLA, JOYAUX DU NIOLU.

L'ouvrage datant du XVe siècle.

C'est un ouvrage remarquable, doté de quatre arches - une grande et trois petites - qui enjambe le Golu un peu en aval du barrage de Calacuccia et qui, en d'autres temps, permettait notamment aux bergers de transhumer.

Ou plutôt, c'était.

Parce que dans la nuit du 21 au 22 décembre, ce pont vieux de 600 ans a été emporté par les eaux en furie de la tempête Fabien.

Sur place, certains pointent du doigt un délestage du barrage. EDF s'en défend et explique.

"Il y a d'abord eu la tempête des 13 et 14 décembre, se souvient Bernard Cluzel, habitant de la commune et qui a lancé l'alerte au nom de la liste Calacuccia 2020.

Le déversoir du barrage était ouvert et je suis allé sur place pour faire quelques photos.

Il y avait une gerbe d'eau qui arrivait à une cinquantaine de mètres du pont.

Ensuite est arrivée la tempête Fabien qui a provoqué une crue importante.

Au matin du deuxième jour, le pont était par terre."

 Détruit, pulvérisé par la violence des flots.

Et pour certains Niulinchi, il n'y a qu'une explication possible : "Le barrage a dû être vidangé pour faire face à l'inondation."

 "Dans les années 1990, le pont avait déjà été endommagé par une vague provoquée par une brutale ouverture des vannes, affirme-t-il. Il y avait même des photos qui l'attestaient.

Aujourd'hui, nous sommes convaincus que le pont ne sera pas reconstruit et c'est très dommage, car c'était un très beau pont, le plus beau du Niolu." 

Ce qui chagrine l'homme, "c'est que depuis la destruction, aucune voix ne s'est élevée dans le Niolu.

Les autorités compétentes n'ont pas pris conscience de la perte que cela représente pour notre patrimoine ancien".

Se pourrait-il qu'EDF soit responsable de la destruction du pont de Funtanella ? 

"Non", affirme le fournisseur, qui explique dans le détail comment fonctionne un barrage et surtout, quelles sont les procédures en cas d'événement climatique majeur. 

"Pour EDF, explique Michaël Mechali, directeur de cabinet et responsable stratégie et communication,l'anticipation des crues représente un enjeu majeur pour garantir la sûreté des installations hydrauliques.

L'ouvrage doit conserver toute son intégrité, demeurer sûr et ne pas accentuer les conséquences d'une crue naturelle." 

Comme une baignoire qui déborde

Ce dernier point est sans doute le plus important, car c'est lui qui est montré du doigt dans le cas du pont de Funtanella : 

"Les ouvrages hydroélectriques répondent à tout moment à l'objectif de ne jamais évacuer un débit supérieur au débit entrant maximal de la crue, afin de ne pas aggraver les conséquences naturelles de cette dernière", poursuit Michaël Mechali.

Autrement dit, le volume d'eau qui sort est le même que celui qui entre.

Et d'illustrer : 

"La gestion des crues est réalisée selon ce que nous appelons le principe de la baignoire pleine qui déborde.

Cela signifie que lorsque les quantités d'eau entrantes sont trop importantes par rapport à la capacité de stockage, le niveau de la retenue augmente jusqu'à un seuil maximal, puis le surplus s'évacue vers l'aval et l'eau s'écoule, rejoignant naturellement le lit de la rivière, à l'aval du barrage.

Le débit évacué est alors égal au débit entrant, comme cela aurait été le cas dès le début du phénomène climatique, si le barrage n'avait pas existé."

C'est cette procédure qui a été appliquée lors du passage de la tempête Fabien.

Ce week-end-là, les vents ont atteint des vitesses jamais enregistrées auparavant.

Cumulés au débit du cours d'eau, ils ont développé une puissance destructrice, à laquelle l'ouvrage n'a pas résisté.

Une association de sauvegarde s'était créée en 2008, qui avait oeuvré pour un classement du pont de Funtanella.

La procédure s'était enlisée, et n'a finalement jamais vu le jour.

Aujourd'hui - et on ne peut que le regretter - elle n'a plus lieu d'être.

Source : Corse Matin--

Photo : Pierre Bona.

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