LES TOURS ET PETITES FORTIFICATIONS.

 LES TOURS ET PETITES FORTIFICATIONS.

Une troisième catégorie regroupe les petites fortifications qui se limitent assez souvent à une seule tour.

Parfois, comme à San Cesario de Rapale, elles sont associées à une citerne ou encore à une courtine qui délimite une minuscule basse-cour.

Il ne semble pas y avoir de règle absolue dans le choix de leur implantation.

On les trouve depuis les hauts sommets escarpés et difficiles d’accès, comme la tour de Corvo, près de Corte, jusque sur les replats de mi-pente, perchées sur de petites éminences rocheuses.

Elles sont très souvent situées à l’écart des habitats, parfois en position périphérique par rapport au terroir et le long des grands axes, très souvent sur des sommets ou à proximité des cols, dans les points névralgiques du territoire.

Ces fortifications ne deviennent pas chefs-lieux de châtellenie et ne comportent pas en elles la notion de ban, même si la tour conserve sa valeur symbolique.

Elles sont les relais des châteaux, avec pour mission le contrôle rapproché d’une route importante et/ou d’un petit terroir.

La tour de Scolca, en relation avec le castello de Rostino situé à 2,5 km au nord-est, contrôlait ainsi une série de chemins, dont celui reliant tous les habitats du nord de la pieve à l’église piévane Santa Maria di Rescamone.

Il en est de même pour le petit complexe fortifié de Pilone, lié au château d’Avazero.

Outre la surveillance d’une frontière, d’un col ou d’une voie de passage stratégique, l’exploitation de quelques parcelles et d’un troupeau étaient peut-être à la charge des personnes qui occupaient ces castelli.

Deux de ces tours de surveillance ont fait l’objet de sondages étendus, celle de Pilone en Balagne et celle de Sant’Agostino en Castagniccia.

Elles se présentent comme des bâtiments carrés, respectivement de 6 et 5,50 m de côté.

Leurs murs, assez irréguliers dans l’ensemble, dépassent de peu 1 m d’épaisseur.

La tour de Pilone s’inscrit dans un ensemble fortifié pré et protohistorique, constitué d’un rempart conservé sur 2 à 7 m de hauteur et sur environ 80 m de longueur.

À l’intérieur de ce périmètre défensif, à proximité de la tour, a été mise en évidence une structure identifiée comme un fond de cabane associé à un grand foyer.

Le mobilier archéologique mis au jour est abondant et varié, tout comme dans la tour de Sant’Agostino.

Cette dernière se présente aujourd’hui comme une simple construction perchée au sommet de la colline parfaitement conique, à 792 m d’altitude.

Aucune autre structure n’a été repérée en surface à proximité, sinon la chapelle Sant’Agostino dont l’ancienneté n’est pas attestée.

Les sondages ont permis de mettre en évidence des occupations assez intenses mais relativement courtes.

Dans les deux cas, la construction ne semble pas antérieure à la seconde moitié du XIIIet l’abandon est intervenu dans le courant du XIVsiècle.

L’abondance et la diversité du mobilier retrouvé dans et à proximité de ces structures fortifiées : aiguilles, dés à coudre, fusaïoles (anneau de poids variable utilisé en filage comme accessoire du fuseau lors du filage.)

, céramiques, verre, armes, objets de parures, monnaies... laissent penser qu’elles étaient habitées par un nombre de personnes assez important, mais qui ne devait cependant pas dépasser le cadre familial.

On notera, d’ailleurs, que la superficie intérieure de ces tours est toujours nettement supérieure à celle des donjons rencontrés dans les châteaux.

Des structures annexes, telle la cabane de Pilone, pouvaient constituer les habitats proprement dit.

L’abondance des ossements d’animaux, avec des pièces de choix, reflète une certaine aisance.

On imaginerait volontiers que la garde de ces tours a été confiée à des vassaux dont le statut social est difficile à déterminer, mais qui est sans doute proche de celui de ces personnages qui jurent fidélité à l’évêque de Nebbio, aux XIIIet XIVsiècles, en échange de quelques domaines.

Ces structures sont ainsi voisines, par leur forme et par leurs fonctions, des bastides du Piémont et de Provence qui constituent le cœur de petites exploitations rurales, à vocation avant tout pastorale, implantées aux marges du finage. (Le finage (du latin finis, limite, clôture) correspond à l'étendue d'un territoire villageois.)

 

Daniel ISTRIA.

Source : persee.fr

Photo : Castello di Rostino. corse-randos.com

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