À MON FRÈRE QUI N'EST PAS MORT.
À MON FRÈRE QUI N'EST PAS MORT.
 
Deux frères - l'un est introverti, l'autre expansif ; pour l'un le cinéma, pour l'autre la politique.
Tout les sépare et rien ne les opposera jamais.
Les petits-fils Tomasi aux destins exceptionnels,
 
« A Fréjus, il y avait la plage sur laquelle, pendant longtemps tu as régné.
 
Dans ma mémoire, cette plage des années cinquante est encore à peu près déserte.
 
Notre peau était encore plus méditerranéenne que la mer.
 
Elle brunissait au fil de l'été, le sable s'accrochait aux cheveux, nos sexes étaient salés et les filles s'allongeaient comme des royaumes. »
 
Ce livre intime fait entendre deux voix : l'une est celle de François écrivant une lettre tendre ou blessée à son frère aîné Philippe, en une plongée dans la mémoire familiale, entre une mère corse (San Petru di Venacu) et un père au service de la République.
 
Il l'apostrophe à travers le temps, se souvient des chamailleries d'adolescent, des brûlures de l'été, des études, puis du comédien, du clown triste, du Capitaine Fracasse au théâtre, du personnage public qui s'éloigne, prend la nuit comme compagne, et se perd, à jamais, dans la drogue et l'alcool.
 
L'autre voix, celle de François Léotard l'auteur, cherche à comprendre l'être humain, trop humain : celui qui aimait à citer « Qui va à sa perte, sa perte l'accueille » mais chantait et écrivait, jouait avec Ariane Mnouchkine, montait une pièce de Bernard-Marie Koltés avec Patrice Chéreau, ou recevait le César de la meilleure interprétation pour La balance.
 
L'homme quitté par Nathalie Baye, le séducteur qui aimait trop facilement, devenait père à son tour, et continuait pourtant de flirter avec les moyens d'en finir.
 
Ce livre inclassable, émouvant, n'est pas une biographie de Philippe Léotard, comédien, chanteur, mort le 25 août 2001.
 
Le comédien et chanteur Philippe Léotard ne se laisse pas oublier.
 
Sa voix " de râpe et de scie ", son visage raviné, ses yeux bleus, ses blessures.
 

L'adolescent trop brillant, le " ministre de la défonce ", le clown suicidaire qui parlait aux enfants et à toutes les femmes, le comédien sur les tréteaux en 1968 ou l'acteur primé qui avait perdu son César, l'amant quitté, le père fugueur, le compagnon à la mélancolie alcoolisée d'un Coluche ou d'un Patrick Dewaere, l'amoureux des mots, l'homme libre jusqu'à se brûler, l'homme qui s'échappe toujours.

Il était tout cela à la fois.

" Il avait inversé sa vie : il avait commencé comme un grand et, vers la fin, il avait écrit avec son doigt sur le sable : j'ai mis tant de temps à devenir enfant. "

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