PAUL-LOUIS-EMMANUEL BALLEY PRÉFET DE CORSE DE 1940 À 1943.
PAUL-LOUIS-EMMANUEL BALLEY PRÉFET DE CORSE DE 1940 À 1943. Balley (Paul, Louis, Emmanuel), préfet de la Corse d'août 1940 à février 1943. Né à Luxeuil-les-Bains en Haute-Saône le 14 janvier 1889, il est dans la carrière préfectorale depuis 26 ans quand il est nommé en Corse. Fils d'un architecte, marié en 1915 à la fille d'un officier supérieur dont il a quatre enfants, il est entré en 1910 à l'École nationale des langues orientales vivantes, et a obtenu la même année la licence en droit. Mobilisé le 2 août 1914, blessé, il est mis à la disposition du gouverneur général de l'Algérie en février 1915. Cela détermine sa carrière puisque, après avoir été attaché au cabinet du préfet d'Alger, il est nommé dans la Vienne en octobre 1919. Avant sa nomination en Corse, il était sous-préfet à Beaune depuis 1934. En 1940 , il remplace à Ajaccio le préfet Petitjean écarté par le gouvernement de Vichy. Haut fonctionnaire consciencieux, il s'efforce de suivre les directives de la Révolution nationale, sans montrer cependant un zèle excessif. Soumis au contrôle pointilleux de la Légion française des combattants et en particulier de son président le colonel Mondielli, il s'applique à tempérer les accusations d'anglophilie et de gaullisme portées contre certaines personnalités : ainsi, en février 1942, son rapport au ministère de l'Intérieur sur Paul Giacobbi présente l'ex-sénateur comme étranger à la critique antigouvernementale et seulement en désaccord avec «la politique de Monsieur Pierre Laval», ce qui explique son vote de juillet 1940 : «un motif vraisemblable pour un Corse». Une période très difficile commence avec l'Occupation italienne en novembre 1942. Sa ligne de conduite est de tenter de défendre les droits de l'État français et de ses représentants, en essayant par exemple de maintenir en Corse une présence militaire (affaire de la garde mobile), en réclamant du général Magli, commandant les troupes italiennes, l'application des conventions concernant l'action de la police, de la gendarmerie. Il est ainsi amené à de multiples interventions à l'occasion d'arrestations arbitraires opérées par les forces italiennes. Il réclame aussi, mais en vain, du gouvernement de Vichy une riposte plus ferme à la propagande irrédentiste dans l'île. Il contribue, en accord cette fois avec les autorités italiennes, à éviter aux Corses le travail forcé en Allemagne, et aux résidents juifs le transfert sur le continent et la déportation. La politique de compromis du préfet devient inapplicable quand l'illusion du pouvoir vichyssois est complètement anéantie en avril 1943 : la Corse est alors placée sous le pouvoir militaire italien et le VIIe corps d'armée est officiellement reconnu comme «troupes d'Occupation» et non plus «d'opérations», ce qui entraîne la dissolution de la commission italienne d'armistice et la création à Bastia d'un tribunal militaire de guerre qui prend entièrement en charge la répression de la Résistance, sans plus avoir à rendre aucun compte aux autorités administratives et judiciaires françaises. A cette date, le remplacement du préfet est prévu, sa nomination dans l'Ain approuvée à compter du 28 avril, et annoncée le 2 mai. Sa famille a pu s'embarquer le 19 mai 1943 sur le paquebot Général Bonaparte pour regagner le continent. Le Général Bonaparte est torpillé à 40 milles de Nice et Madame Balley compte parmi les 137 victimes (il y eut 147 rescapés). Paul Balley est préfet des Pyrénées-Orientales quand ce département est libéré en août 1944. Le président du CDL demande sa révocation. Cela met fin à sa carrière active puisqu'il est suspendu de ses fonctions avant d'être révoqué sans pension le 25 mai 1945. Une révocation qui est confirmée, mais avec pension, le 7 mai 1948. Il vient de se remarier, à Paris, le 27 avril. Il meurt à Cuisery, en Saône-et-Loire, le 4 août 1959. Hélène Chaubin. Source : resistance-corse.asso.fr
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