L'IDENTITÉ  CORSE.

L'IDENTITÉ  CORSE. 

L'insularité amène un vécu spécifique.

Pour mieux le comprendre, il nous faut prendre connaissance du ressenti des insulaires.

Dans une île, on vit en société.

Une société certes très restreinte, très territoriale, très hiérarchisée mais en même temps très solidaire et pleinement ouverte sur le monde extérieure.

Ne serait-ce que par nécessité.

La plupart des îles où je suis restée [...] ont vu arriver au début des années 1970 des gens qui fuyaient la société de consommation exagérée.

Beaucoup sont repartis.

Ceux qui sont restés se sont parfaitement intégrés dans le tissu social insulaire.

Oh ! Ça ne se fait pas en un jour. [...]

Il faut laisser passer une période probatoire de plusieurs mois.

Alors on est insulaire.

Puis, avec le temps, on devient îlien.

Ilois, jamais.

Mais quelle importance.

On ne choisit pas ses origines8. (Françoise Sylvestre, « L'âme vagabonde, d'une île à l'autre »)

Pour certains acteurs politiques, la mal-compréhension de cette dimension insulaire et la méconnaissance de ses conséquences sur la vie quotidienne des insulaires expliquent pour une part la difficulté des relations entre la Corse et le continent.

Mais faire le constat de cette incompréhension ne suffit pas.

En effet, il est plus pertinent de la voir comme un regard particulier que les « continentaux » portent sur l'île et ses habitants.

On la regarde vivre comme si, d'ailleurs, elle s'était arrêtée dans le temps et l'espace.

L'étonnement, le désarroi ou encore l'agacement des continentaux devant l'immobilisme des îles, devant l'inertie des insulaires et leur difficulté à affronter la « modernité », traduit bien l'incompréhension d'un rapport au monde si particulier que d'aucuns cherchent à dissimuler sous un discours stéréotypé. ( Dominique Salini, « L'île entre laboratoire et lab-oratoire ou de la complexité de la mesure »)

« Les îles se perçoivent comme des centres et non comme des périphéries. Loin de reconnaître leur marginalité par rapport au continent, elles satellisent le monde autour d'elles, s'inscrivant alors en résistance contre ce contexte qui leur semble exercer une pression ». (Cité par Jean-Louis Andreani, Pour comprendre la Corse.)

L'îléité, c'est un vécu, une expérience, un ressenti particulier.

Elle est teintée d'une forte affectivité qui ne peut qu'étonner tout élément extérieur à l'espace insulaire :

« Qui n'a pas compris l'attachement déraisonnable des Corses pour leur île, et tellement fou qu'il apporte raison et sens absolu à leur existence, ne comprendra jamais rien à la Corse ». (José Gil, La parabole corse, rencontres avec l'identité.)

Elle est ouverture de par la potentialité des échanges qui s'offrent à elle : l'île est toujours un carrefour dans un espace maritime.

Elle est aussi fermeture de par la tendance qui peut être parfois la sienne à se replier sur elle-même, pour se protéger des agresseurs qui viennent de la mer.

Le concept d'îléité appelle à réfléchir à la relation avec l'environnement, dans sa définition la plus globale, à la fois écologique et humaine.

Ceux qui vivent sur les îles ressentent cette nécessité de façon impérieuse, et s'éveillent peut-être plus vite que d'autres à cet impératif écologique.

L'île est un territoire, un microcosme qui permet de façon non utopique et avec une volonté à la fois individuelle et collective de réfléchir aux problèmes essentiels du monde.

L'équilibre de la nature en premier lieu.

Avec les questions d'environnement et de production d'énergie.

Est-il utile de rappeler par exemple comment toutes les côtes au vent des îles du Ponant reçoivent un jour ou l'autre de plein fouet les effets des marées noires ?

La crise qui eut lieu suite à la décision de Michel Debré, ministre du général De Gaulle, d'installer un centre d'expérimentations nucléaires dans le massif de L'Argentella au-dessus de Calvi en 1960. Le second épisode fut celui dit des « Boues rouges »

L'équilibre sur le plan humain ensuite.

Avec les choix d'urbanisme et de construction, avec l'effort de tolérance nécessaire à l'égard de l'autre, qu'il soit étranger ou insulaire.. (Françoise Sylvestre, « L'âme vagabonde... »).

MARINA CASULA.

Source photo : lengadoc-info

 

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