LA CHIRURGIE DURANT LES GUERRES NAPOLEONIENNES.

Nous pouvons nous souvenir de la fine silhouette de Dominique-Jean Larrey, sa boîte d'amputation sur le dos, allant d'homme blessé en homme blessé, mis en joue par un soldat anglais à Waterloo et sauvé par Wellington qui arrêta le geste en disant : "Saluons l'honneur qui passe !"

Pourtant, au soir de la bataille d'Eylau, le 8 février 1807, le chirurgien-chef de la garde impériale scrutait du haut de sa petite taille la plaine enneigée qui semblait se mouvoir dans l'obscurité animée par la masse des blessés que les infirmiers n'avaient pas encore pu secourir.

Une plainte sourde s'exprimait par un fond continu de râles, d'où s'échappaient les cris déchirants de milliers de moribonds.

Des centaines d'amputations l'attendaient et ses aides s'activaient à faire fondre la neige dans de grands chaudrons car tout était gelé.

En fait, pendant les guerres du XIXe siècle, beaucoup de soldats étaient blessés, mais peu étaient tués.

En revanche, les blessés qui restaient sur le terrain mouraient souvent par manque de soins.

Les grands impératifs de la chirurgie de guerre moderne étaient donc déjà clairement exprimés par les chirurgiens de l'empereur : nécessité de soins rapides sur les lieux même des combats, organisation efficace du ramassage des blessés grâce aux ambulances et lutte immédiate contre l'infection.

Bien entendu aucun antiseptique n'était disponible à cette époque, en cas d'hémorragie la transfusion n'existait pas, toute plaie des grandes cavités (abdominale ou thoracique) était mortelle.

Enfin, détail horrible, l'anesthésie non plus n'existait pas, et les amputations étaient réalisées à vif. Solferino, en 1859, sera un charnier de plus faute de soins, et inspirera à Henry Dunant l'idée de la Croix-Rouge.


Source :  lemonde.fr

Photo : Patrice Courcelle.

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